1996. C’est l’année de la commercialisation de l’EV1, la première voiture électrique de General Motors. D’autres suivront chez Toyota, Honda, Ford… Alors pourquoi, 20 ans plus tard, la voiture électrique n’est-elle pas davantage démocratisée, et ce malgré la progression du marché ? Who killed the electric car ? – Qui a tué la voiture électrique ?, un documentaire réalisé par Chris Paine en 2006, nous donne quelques éléments de réponse.
Le contexte
Une voiture aux allures futuristes // Source: blog.hemmings.com
C’était la deuxième fois que je visionnais ce documentaire, mais ce qu’il sous-entend me révolte toujours autant. Chris Paine nous embarque ainsi dans l’histoire de l’EV1, une voiture électrique pouvant parcourir jusqu’à 100 miles, soit 160km. Proposée uniquement en location longue durée, l’EV1 promettait un futur plus propre et était grandement appréciée de ses utilisateurs.
Mais c’était sans compter le scepticisme de certains, la pression des lobbies et le manque d’audace du CARB, le California Air Resources Board (l’Agence pour la qualité de l’air).
Au début des années 1990, le CARB lança un programme nommé « Zero Emission Vehicle », qui visait à réduire la pollution en Californie. Ce programme imposait aux constructeurs automobiles (dont General Motors) d’inclure un pourcentage de plus en plus important de véhicules à zéro émission dans leur production.
Néanmoins, cette proposition de loi fut modifiée à plusieurs reprises et devint de plus en plus laxiste. Pour finir, GM et Chrystler lancèrent des poursuites contre le CARB et la loi fut abandonnée, permettant ainsi la destruction, entre autres, de l’EV1.
Des groupes d’activistes, regroupant quelques célébrités, s’organisèrent pour sauver l’EV1. Cette-dernière représentait bien plus qu’une simple voiture : elle était silencieuse, agréable à conduire mais surtout moins polluante. Ces considérations environnementales avaient déjà une importance à l’époque, et étaient un argument de choix pour sauver la voiture électrique. Malheureusement, leur engagement – qui les poussa à proposer le rachat des 78 véhicules immobilisés – ne suffit pas et General Motors envoya la quasi-totalité des EV1s à la casse.
Une analyse complète
Source: wikipedia.org
En une heure trente, le documentaire réussit à nous donner une analyse succincte mais complète des raisons qui ont pu pousser GM à détruire sa propre production, et ce malgré la demande. Consommateurs, batterie, CARB, industrie pétrolière, constructeurs automobiles, gouvernement, hydrogène… tous sont remis en cause afin de déterminer le(s) vrai(s) coupable(s) de ce « meurtre » qui a fait perdre à la planète de précieuses années.
En définitive, on se rend à l’évidence : chacun de ces suspects a eu un rôle à jouer. Pour certains, les consommateurs n’étaient pas prêts à accepter le changement. Les voitures électriques étaient moins puissantes que les thermiques, les bornes de recharges n’étaient pas aussi présentes qu’aujourd’hui… Cette analyse est intéressante car elle remet en question notre capacité à nous adapter et à changer. Du changement, nous en voulons sur le papier, mais lorsqu’il s’agit de passer au concret, cela devient souvent plus délicat.
Pour d’autres, la faute revient à la pression exercée par les lobbies pétroliers. Ceux-ci estimaient notamment que seuls les riches avaient les moyens de s’acheter une voiture électrique. Effectivement, aujourd’hui encore, acquérir un véhicule électrique n’est pas à la portée de tous.
Mais si ce marché avait pu se développer davantage pendant ces vingt dernières années, au lieu d’être constamment repoussé, les choses ne seraient-elle pas différentes?
Et maintenant ?
« Who killed the electric car ? » est un documentaire qui a désormais onze ans. Néanmoins, il reste pertinent car les problématiques qu’il soulève sont, pour certaines, encore d’actualité. Dans sa lignée, Chris Paine a réalisé un autre documentaire intitulé Revenge of the electric car, en 2011.
Le marché de l’électrique a depuis bien évolué, l’existence même de ce magazine en est la preuve. Tesla, Jaguar, Audi, Renault… 100% électriques ou non, les marques sont dorénavant bien décidées à changer la donne. Mais des progrès restent à faire, et il est important de ne pas reproduire les erreurs passées. Car le changement ne peut être initié que par la population, sans laquelle le marché restera le même.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Cette destruction massive a-t-elle freiné la progression de la voiture électrique, ou n’a-t-elle rien changé ? Je serais curieuse d’avoir votre avis sur la question. Et finalement, who killed the electric dream ?