Il n’est pas rare de voir comparer Tesla à Apple. Produits disruptifs, avance de phase sur le marché, capitalisation gargantuesque, origines californienne, CEO emblématique, adhésion massive de fans, positionnement premium : les points de comparaison sont innombrables. Bientôt, les deux marques pourraient pourtant devenir…concurrentes.
Malgré les récentes déclarations d’Elon Musk, non, Tesla ne se lancera pas dans l’industrie musicale ! En revanche, Apple commence à investir lourdement un terrain cher à Tesla : la conduite autonome. Voilà une terre promise qui a déjà attisé bien des convoitises et autant de déceptions.
La dernière en date n’est pas des moindres : Google X, devenue Alphabet, planchait bel et bien sur une Google Car autonome. Le projet a été abandonné il y a 6 mois, en décembre 2016, du moins dans sa forme primaire : il n’y aura pas de Google Car mais une exploitation de la technologie déjà développée, mise au profit d’entreprises tierces via une nouvelle filiale, Waymo. Lexus mais aussi Toyota et Audi avaient notamment collaboré avec Google pour implanter son système de conduite autonome en leurs véhicules (Prius et TT, en l’occurrence). Fiat Chrysler serait toujours en collaboration rapprochée avec Waymo. Des premiers résultats sont attendus fin 2017.
Tesla garde une (très) confortable marge d’avance sur le sujet. Selon nos estimations, l’entreprise ne serait pas loin des 300 millions de kilomètres parcourus par les propriétaires de ses modèles avec leur Autopilot. Ce chiffre ne peut connaître qu’une croissance exponentielle dans les mois et années à venir. Apple ne compte pourtant pas se laisser faire, pas plus qu’Uber er Lyft, pionniers du covoiturage.
Toutefois, le modèle économique proposé par Apple serait différent de celui de Tesla : une véritable intelligence artificielle partagée. « Il y a ici une véritable rupture », estimait Tim Cooks sur Bloomberg le 18 juin. En résumé, en ville, un grand nombre de personnes ne possèderait plus de voiture, source de pollution, d’embouteillages, de problème de stationnement, de dégradations. Les constructeurs d’automobiles ne vendraient donc plus des voitures mais des trajets. En somme, le remplacement, en zone urbaine, d’une offre de produit par une offre de services. Celle-ci reposerait intégralement sur la conduite autonome. C’est le modèle Autolib poussé à son extrême : un usage, un service, mais la présence d’un conducteur ne serait plus nécessaire. « Lorsque l’on a dans le même temps l’abandon de la station essence, l’expérience de la conduite d’une voiture électrique et le partage de trajets, toutes les conditions sont réunies pour un véritable changement », conclut Tim Cook. « La conduite autonome est la discipline mère de l’Interlligence Artificielle ». Tout est dit.
Reste la nécessité d’avoir malgré tout une voiture, qu’elle soit autonome ou pas. Tesla a tranché, fournissant l’automobile et son Autopilot. Apple ne semble pas s’orienter vers la construction automobile pure, préférant, comme Google, le seul développement logiciel. La conduite autonome sera demain plus que jamais l’objet d’âpres luttes.