vue d'artiste de véhicules autonomes communiquant au moyen de la 5G

Alors qu’elle semblait au point mort avec l’arrêt de l’Apple Car, la voiture autonome prend un nouvel élan avec le récent déploiement des voitures Waymo dans tout San Francisco. Tesla, avec sa technologie vision par caméra et son approche intégrée, est indéniablement un leader dans ce domaine. En parallèle, la startup française Heex, fondée par Bruno Mendes Da Silva, se distingue par son expertise en IA et en traitement de données, jouant un rôle clé dans l’essor des véhicules autonomes en France.

Partenaire technologique de BOSCH et STELLANTIS pour leurs véhicules autonomes, Heex étend maintenant son expertise en IA à toute l’industrie. Par exemple, Heex construit avec la RATP un centre de commande inspiré du Japon pour fluidifier le trafic en centralisant automatiquement les données des rames.

Interview avec Bruno Mendes Da Silva, CEO de Heex

Armand Taïeb (Tesla Mag): Enchanté, Bruno. Pour commencer, pourriez-vous nous parler de vos récentes ambitions et réalisations dans le domaine de la voiture autonome ? Vous avez suivi le développement de Waymo, et c’est un sujet très actuel en ce moment, au-delà des avancées de Tesla. J’aimerais que nous abordions à la fois la voiture autonome dans son ensemble et votre avis sur l’industrie. Mais d’abord, pourriez-vous spécifier vos services et comment vous accompagnez l’industrie ?

Bruno Mendes Da Silva (Heex): Bien sûr, Armand. Je vais diviser ma réponse en deux parties : d’abord, je vais présenter nos activités, puis je fournirai un contexte sur la création de Heex. En résumé, nous avons développé un logiciel destiné aux équipes de développement travaillant sur des systèmes autonomes. Ce logiciel les aide à récupérer les données les plus pertinentes pour accélérer leur développement. Typiquement, sur 100 % des données collectées, seules 1 à 2 % sont réellement nécessaires en raison de leur volume. Nous aidons à identifier ces données cruciales pour les traiter et les utiliser pour divers cas d’usage, comme le machine learning, le test et la validation, ou encore les opérations en cas d’incidents.

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Armand Taïeb (Tesla Mag): C’est fascinant. Pouvez-vous expliquer plus en détail comment votre solution s’oppose au concept de big data et s’oriente vers ce que vous appelez la smart data ?

Bruno Mendes Da Silva (Heex): Absolument. Contrairement à la collecte massive de données sans objectif précis, notre approche de smart data consiste à collecter des données dans un but bien défini et pour une utilisation spécifique. Par exemple, lorsqu’il y a une difficulté à détecter des piétons dans certaines situations, notre système va enregistrer des données en fonction de scénarios pré-établis. Cela permet aux ingénieurs de récupérer les informations pertinentes pour améliorer le système. Nous nous intégrons directement dans le véhicule, écoutons les capteurs (lidars, radars, caméras) et collectons des données en corrélation avec les scénarios critiques identifiés.

Armand Taïeb (Tesla Mag): Comment votre solution s’intègre-t-elle techniquement dans les véhicules ?

Bruno Mendes Da Silva (Heex): Notre solution s’intègre dans la couche basse des logiciels des véhicules, entre le système d’exploitation et les couches intermédiaires de collecte de données. Nous écoutons tous les capteurs du véhicule et collectons les données nécessaires en fonction des scénarios prédéfinis. Une plateforme web permet aux ingénieurs de configurer et d’appliquer ces scénarios à tous les véhicules, ce qui facilite la récupération de données sur des situations complexes. Cette approche demande une grande prouesse en ingénierie pour gérer des flottes de véhicules uniques avec une multitude de capteurs.

Armand Taïeb (Tesla Mag): Selon vous, pourquoi l’avènement des véhicules autonomes prend-il autant de temps ? Pourquoi n’avons-nous pas encore atteint les objectifs fixés il y a quelques années ?

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Bruno Mendes Da Silva (Heex): Plusieurs facteurs expliquent cela. Le premier est souvent la régulation, mais ce n’est pas le principal obstacle. L’adoption par le public est en réalité assez favorable, comme le montre l’intérêt suscité par les tests de Waymo à San Francisco. La véritable raison est la difficulté technique. Un conducteur humain est fiable à 99,999 %, soit un accident tous les 300 000 kilomètres. En comparaison, le meilleur système autonome, Waymo, nécessite une reprise de main toutes les 11 000 kilomètres. En termes de précision, nous sommes encore loin d’égaler les humains, qui causent un million de morts par an sur la route. La prédiction du comportement des autres usagers de la route, notamment des piétons, est extrêmement complexe. Il faut imaginer et couvrir un nombre infini de scénarios pour assurer une conduite sécurisée en toutes circonstances.

Armand Taïeb (Tesla Mag): En tant qu’expert, quel est votre avis sur les différentes technologies utilisées, comme la vision par caméra de Tesla contre la redondance de capteurs (lidars, radars) des autres acteurs ?

Bruno Mendes Da Silva (Heex): Chaque approche a ses mérites. Tesla adopte une stratégie agressive, visant à mettre sur le marché des véhicules abordables avec des technologies avancées. Ils privilégient une intégration verticale complète, maîtrisant à la fois le véhicule et le logiciel. Leur système de vision par ordinateur utilise principalement des caméras, ce qui réduit les coûts mais pose des défis en termes de sécurité et de détection précise. Les autres acteurs, en revanche, utilisent la redondance de capteurs pour garantir une sécurité maximale, ce qui est coûteux et complexe. Notre solution travaille principalement avec ces acteurs, car Tesla préfère une gestion interne intégrée de leurs technologies.

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Armand Taïeb (Tesla Mag): Vous travaillez avec quels constructeurs actuellement ?

Bruno Mendes Da Silva (Heex): Nous avons collaboré avec des constructeurs asiatiques comme Hyundai, l’équipementier allemand Bosch, ainsi que des startups spécialisées dans les camions autonomes comme Wabi aux États-Unis. En France, nous travaillons actuellement avec deux constructeurs, dont l’un est encore confidentiel. Nous collaborons également avec la RATP pour les navettes autonomes à Paris.

Armand Taïeb (Tesla Mag): Merci pour ces précisions. Pour conclure, quels sont les prochains défis à relever pour votre entreprise et l’industrie de la voiture autonome ?

Bruno Mendes Da Silva (Heex): Le principal défi est de continuer à améliorer la précision et la sécurité des systèmes autonomes, tout en réduisant les coûts. Pour notre entreprise, il s’agit de perfectionner notre technologie de collecte et d’analyse de données afin de couvrir un maximum de scénarios critiques. Pour l’industrie, l’objectif est d’atteindre une fiabilité comparable à celle des conducteurs humains et de déployer les véhicules autonomes à grande échelle. Cela nécessitera des innovations continues, des collaborations étroites et une adaptation constante aux nouvelles régulations et attentes du marché.

Armand Taïeb (Tesla Mag): Merci beaucoup pour cet échange enrichissant. Nous suivrons avec intérêt vos avancées et celles de l’industrie.

Bruno Mendes Da Silva (Heex): Merci, Armand. C’était un plaisir de discuter avec vous.

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