La décarbonisation de la production de véhicules électriques est un défi majeur à relever dans la course à la neutralité carbone. Une étude récente de McKinsey nous donne un aperçu des défis et des opportunités qui se présentent dans ce domaine.

La décarbonisation de la production de véhicules électriques est une priorité

Selon une analyse du Conseil International sur les Transports Propres (ICCT), passer d’un véhicule à moteur à combustion interne (ICE) à un véhicule électrique à batterie (BEV) permettrait de réduire les émissions totales de CO2 sur le cycle de vie d’environ 65% sur la base du mix énergétique moyen actuel en Europe, et de 83% avec une électricité entièrement verte.

Cependant, avec l’évolution de la fourniture d’électricité et la possibilité de recharger une flotte plus importante de véhicules électriques avec de l’énergie verte, les matériaux et la production deviendront les principales sources d’émissions dans le cycle de vie d’un véhicule électrique. Aujourd’hui, la production d’un véhicule électrique génère une intensité d’émissions près de 80% plus élevée que celle d’un véhicule à moteur à combustion interne, principalement à cause de la batterie et de la plus grande part d’aluminium du véhicule.

Les solutions pour réduire les émissions liées aux matériaux

Selon l’étude de McKinsey, pour réduire les émissions liées aux matériaux, deux questions principales se posent :

  1. Augmenter la teneur en matières recyclées : Remplacer les matières vierges/primaires par des alternatives recyclées permettra d’économiser une grande part des émissions associées à la production initiale de matières premières. Remplacer 30% de matière première par des matières recyclées peut permettre d’économiser 15 à 25% des émissions de production. Cependant, l’utilisation de matières recyclées présente de nombreux défis, notamment le fait que la collecte en fin de vie reste très immature, ce qui rend difficile l’obtention d’un flux de matériaux de qualité automobile.
  2. Passer à des matières premières vertes : L’utilisation de matières premières produites dans un processus à faible ou nulle émission de carbone permet d’obtenir des matériaux de haute qualité avec une faible empreinte émissions. Des exemples de cette approche incluent la fusion de l’aluminium par anode inerte via l’hydroélectricité ou l’acier produit par la réduction directe du fer à base d’hydrogène dans un four à arc électrique (acier H2 DRI-EAF). Environ 80 à 90% des émissions matérielles typiques d’aujourd’hui peuvent être éliminées avec les technologies de 2030.
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Le besoin d’investissements significatifs

Passer des processus actuels à des voies de fabrication qui évitent complètement les émissions de CO2 – plutôt que de les capturer ou de les réduire progressivement – nécessitera des investissements significatifs dans les usines et l’équipement. Un besoin de matières vertes prévisible et des engagements à long terme entre les fournisseurs et les acheteurs pourraient aider à surmonter cet obstacle au cours de la prochaine décennie.

Cependant, la décarbonisation de la chaîne d’approvisionnement et la réalisation des réductions d’émissions de portée 3 pourraient entraîner une augmentation des coûts des véhicules à un moment où les constructeurs automobiles cherchent à baisser les prix pour stimuler l’intérêt des consommateurs et atteindre des marges à long terme durables.

Vers une réduction des émissions de transport de 55% d’ici 2030

Pour atteindre l’objectif d’une réduction de 55% des émissions de CO2 d’ici 2030 par rapport à 1990, tel que requis par le programme Fit for 55, des mesures plus drastiques seront nécessaires.

Une approche déterminée de la décarbonisation et une combinaison de ces méthodes pourraient permettre de produire des véhicules avec 10 à 30% des émissions de production d’aujourd’hui d’ici 2030. C’est un exploit difficile, mais nécessaire pour réaliser l’aspiration du Green Deal.

En conclusion, si les véhicules électriques représentent une voie prometteuse vers la neutralité carbone, il reste encore beaucoup à faire. La transformation de l’industrie, tout en constituant un défi majeur, représente une énorme opportunité pour les acteurs existants et les nouveaux venus de prendre un rôle de leader dans la création de nouvelles industries et emplois de plusieurs milliards. La clé sera de coupler la durabilité avec la viabilité économique grâce à une technologie innovante et une transformation de la mobilité bien guidée.

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