Interview exclusive Philippe Callejon, directeur mobilités et nouvelles énergies de TotalEnergies Marketing France. Rebaptisé depuis quelques mois, TotalEnergies vient d’inaugurer la première station service entièrement électrique de France. Après plusieurs mois de travaux, cette ancienne station essence proposera un service de recharge électrique dans le quartier d’affaires.
Cette station sera loin d’être la seule puisque TotalEnergies a noué un partenariat avec Uber pour convertir plus de 200 stations-services pour les véhicules électriques d’ici 2025. Tesla Magazine s’est entretenu avec Philippe Callejon, directeur mobilités et nouvelles énergies à TotalEnergies pour revenir sur ce changement radical de cap et sur cette stratégie d’électrification des véhicules français.
Tesla Magazine : Comment parvenez-vous à gérer ce nouveau type de flux en station ?
Philippe Callejon : Prenons La Défense comme premier pilote. Nous avons privilégié la rapidité de mise en œuvre donc il fallait rester dans les contraintes de ne pas déposer un permis de construire. Il fallait également rester dans un schéma où l’on respectait au maximum le layout de la station. On a donc remplacé les pompes à essence classiques par des bornes de charge rapide.
La configuration même de la station n’était déjà pas évidente pour du carburant, elle ne l’était pas non plus pour de la recharge. Il y a un problème d’emprise foncière et de forme du foncier. On est dans un triangle coincé entre différentes tours et le circulaire de La Défense. Il faut faire un aménagement au mieux avec la contrainte d’urbanisme.
On a voulu conserver la logique d’avoir la boutique puis d’avoir du lavage parce qu’il y a une forte demande dans la zone.
Toutes les stations que l’on va faire ne seront pas forcément sur ce modèle et sur un certain nombre de sites nous aurons un changement de Layout pour avoir une configuration de recharge, de piste différentes.
Une nouvelle offre de service devient nécessaire
P. C. : De la même manière, on est en train de retravailler notre offre et nos services que nous allons proposer dans la boutique. Avec l’essence la personne passait 1 ou 2 min, là on va être dans un schéma où il faut proposer des services différents pour des personnes qui peuvent rester 20 minutes voire une demi-heure.
Il faut donc revoir notre conception de boutique en fonction de l’existant, il y aura différentes variantes pour conserver l’existant tout en mettant des services supplémentaires.
Un modèle économique qui offre un nouveau challenge
P. C. : Avec un appareil distributeur de carburant vous pouviez charger des deux côtés, un plein mettait 4 min donc en une heure 25 à 30 clients pouvaient faire le plein de leur véhicule. Sur le même temps en HPC, 3 clients vont pouvoir recharger leur véhicule. Donc vous avez un problème d’utilisation de votre espace.
TM : En matière de bornes de recharge, avez-vous un fournisseur exclusif ?
P. C. : Non, nous procédons régulièrement par appel d’offres pour être dans un schéma le plus compétitif par rapport à la qualité des produits et au prix. Pour les bornes de faible puissance, jusqu’à 22 kW nous assemblons nous même sur différentes chaînes en France grâce au savoir-faire de G2 mobilité, la startup que nous avons rachetée il y a 3 ans. Pour les bornes hautes puissances, nous achetons sur le marché avec des appels d’offres réguliers.