Suivi des bornes

Aux échecs ou dans un jeu de stratégie, cela s’appelle avoir un coup d’avance. Dans le monde de la mobilité électrique, qui est en train de passer la vitesse supérieure, le logiciel imaginé à Mougins par Gérald Seiler, de SAP Labs France, ressemble à une solution idéale pour charger intelligemment des flottes entières de véhicules électriques. 

Qu’est-ce que SAP Labs France?

Hanno Klausmeier

Filiale spécialisée dans la R&D du leader mondial du logiciel d’entreprise, SAP Labs France a d’abord décidé d’électrifier sa flotte de véhicules, sous l’impulsion d’un Allemand curieux et visionnaire, son président Hanno Klausmeier. Quelques années plus tard, 250 collaborateurs de SAP Labs France roulent en voiture électrique de fonction et ont le choix de la charger au bureau ou à la maison, grâce à une série d’incitations et d’aides de la part de leur employeur. 

La voiture de base, par défaut, c’est une Renault Zoé (au bout de trois ans dans l’entreprise) et le salarié dispose d’une participation financière de SAP Labs France au leasing (LLD) de son véhicule de fonction. S’il souhaite choisir un véhicule plus coûteux que le forfait de base (une Tesla, comme Gérald Seiler, une Jaguar ou même une Ford Mach-E), le supplément mensuel est à sa charge

SAP Labs

Avec l’augmentation du nombre de points de charge nécessaires à Mougins, mais aussi à Paris et à Caen, sur les deux autres sites français de SAP Labs France, il fallait augmenter le nombre de bornes et surtout gérer la consommation, pour qu’elle ne devienne pas anarchique et coûteuse, à cause des pics de consommation notamment. Alors SAP a chargé Gérald Seiler et un autre ingénieur, Serge Fabiano, de créer un logiciel de supervision, en partant d’une page blanche.

« Au départ, l’objectif était de résoudre les problèmes rencontrés par les salariés lorsqu’ils voulaient recharger leur véhicule. Fréquemment, le connecteur du véhicule restait bloqué dans le point de charge et le premier objectif était de pouvoir redémarrer le point de charge à distance. Ensuite, la première évolution a concerné la gestion des badges et des autorisations d’accès aux bornes. Après, la question de l’équilibrage de l’énergie s’est posée rapidement », raconte l’ingénieur, dont le bureau à Mougins est rempli de bornes qu’il teste, pour éventuellement les ajouter bientôt aux 37 bornes déjà installées sur le parking, avec des puissances de charge différentes et donc des usages divers, gérés à distance par le logiciel.

Bornes SAP Labs

Il y a là une borne allemande, une française, et bien sûr une chinoise « au rapport qualité-prix imbattable », sourit l’ingénieur à barbichette, intarissable quand il s’agit de raconter cette aventure technologique et ses implications pour l’avenir : « Les fonctionnalités du logiciel évoluent constamment. Nous avons d’abord construit une interface web afin de pouvoir collecter les données et voir en temps réel la consommation des véhicules, aussi bien la puissance instantanée que l’énergie. Ensuite, nous avons fait en sorte de pouvoir piloter la borne pour par exemple démarrer une recharge à distance. Nous avons aussi développé une application mobile orientée utilisateur, baptisée tout simplement E-Mobility. Le logiciel surveille l’ensemble des points de charge disponibles, peut démarrer ou arrêter la charge. Enfin, nous avons mis en place un système de notifications push sur le mobile qui permet de savoir quand la charge est terminée et aussi d’inciter le collaborateur à déplacer son véhicule pour laisser la place à d’autres utilisateurs. Et le stationnement abusif devant une borne, une fois la voiture chargée, sera pénalisé… ».






Ce premier logiciel hyper-performant supervise déjà 88 points de charge dans toute la France, associé aussi à une application permettant à n’importe quel utilisateur de venir charger gratuitement à Sophia-Antipolis. Il y a 37 points de charge sur le parking de SAP Labs France à Mougins, dont 34 bornes AC et trois bornes DC (deux chargeurs rapides 50 kW et un chargeur ultra-rapide 150 kW). La politique de recharge à domicile permet de gérer 27 points de charge chez les collaborateurs de SAP, et la recharge est remboursée au salarié si elle est effectuée à domicile. « A ces 64 points de charge s’ajoutent 14 points de charge sur le site SAP Labs de Caen ainsi que 10 points de charge sur le site de SAP France à Paris, soit un total de 88 points de charge pour 237 véhicules électriques au total, dont une centaine de Tesla de fonction », souligne Gérald Seiler.

Suivi des bornes

L’algorithme qu’il a créé permet d’optimiser la charge en entreprise selon 4 critères : les priorités, à savoir si le collaborateur est pressé ou non ; le prix de l’électricité dans la journée pour favoriser la charge en heures creuses ; la gestion des pics d’énergie, afin de ne jamais dépasser une consigne ; et enfin l’équilibrage du réseau, selon que la recharge se fait en triphasé ou en monophasé.

L’algorithme prend en compte également les critère du microgrid, la puissance instantanée consommée par le bâtiment, la production photovoltaïque, et le niveau de stockage batterie stationnaire additionnel (50kWh). Dans le futur, il prendra en compte les contraintes réseau du distributeur (ENEDIS), en cas de pic de consommation nationale durant les heure pleine ou bien les pics de production ENR. Ce qui en fera un smartgrid complet.



Les qualités évidentes de ce logiciel commencent à faire tache d’huile. Selon l’ONG Transport & Environment, 6 véhicules électriques sur 10 sont intégrés à une flotte d’entreprise, et ce n’est que le début. En Allemagne, SAP possède l’une des plus grosses flottes d’entreprises d’Europe (17.000 véhicules), alors le logiciel a d’abord été déployé à Munich (6 points de charge), mais aussi au Portugal (11) et en Belgique (6). Et les deux premiers clients sont opérationnels: la Mairie de Monaco (11 points de charge), en pointe sur l’écomobilité, et l’IMREDD, une école d’ingénieurs de Nice (8 points de charge) axée sur l’innovation et les partenariats, l’environnement et le développement durable. En attendant l’aéroport de Marseille-Marignane ou le réseau Palm Bus de Cannes, qui réfléchissent activement, sur fond de coronavirus, et des dizaines d’autres entreprises et collectivités qui ont décidé de basculer dans une nouvelle ère, celle de la recharge intelligente, maîtrisée et économique. Avec l’aide de SAP Labs.

Galerie SAP Labs France

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Un commentaire

  1. Ce qui serait plus intelligent encore c’est que Tesla fabrique elle même l’électricité qu’elle fourni au lieu d’utiliser l’électricité sale des autres compagnies !

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