Cette mesure, visant à protéger l’industrie automobile américaine et à encourager la production locale, pourrait avoir des répercussions majeures sur le marché automobile nord-américain, où une grande partie des véhicules vendus proviennent de l’étranger, notamment du Canada, du Mexique et d’autres pays. Une infographie récente de Visual Capitalist, basée sur des données de The Economist et Barclays pour les ventes de janvier à septembre 2024, met en lumière la dépendance des constructeurs automobiles aux importations et illustre les enjeux de cette proposition.

Une dépendance marquée aux importations
L’infographie révèle que la majorité des véhicules vendus aux États-Unis par les grands constructeurs ne sont pas fabriqués sur le sol américain. Parmi les constructeurs analysés, Tesla se distingue comme un cas particulier : 100 % de ses véhicules vendus aux États-Unis sont produits localement, ce qui en fait le seul constructeur à ne pas être directement affecté par les droits de douane proposés. Ford, un symbole de l’industrie automobile américaine, fabrique 77 % de ses véhicules aux États-Unis, mais 21 % proviennent du Canada et du Mexique, et 2 % d’autres pays. General Motors (GM) suit une tendance similaire, avec 52 % de ses véhicules fabriqués aux États-Unis, 30 % en provenance du Canada et du Mexique, et 18 % d’autres régions.
En revanche, les constructeurs étrangers affichent une dépendance bien plus marquée aux importations. Stellantis, qui regroupe des marques comme Chrysler, Jeep et Dodge, ne produit que 39 % de ses véhicules aux États-Unis, tandis que 57 % viennent du Canada et du Mexique, et 4 % d’autres pays. Nissan, Toyota et Volkswagen (VW) affichent des chiffres encore plus éloquents : seulement 31 % des véhicules de Nissan, 27 % de ceux de Toyota et 36 % de ceux de VW sont fabriqués aux États-Unis. Pour ces trois constructeurs, une part importante de leur production provient du Canada et du Mexique (52 % pour Nissan, 48 % pour Toyota, 21 % pour VW), mais surtout d’autres pays (17 % pour Nissan, 29 % pour Toyota, 43 % pour VW). Hyundai-Kia, enfin, est le constructeur le plus dépendant des importations, avec seulement 8 % de ses véhicules produits aux États-Unis, 33 % venant du Canada et du Mexique, et 59 % d’autres régions.
Les implications des droits de douane
L’introduction de droits de douane de 25 % sur les véhicules importés pourrait bouleverser l’équilibre économique pour ces constructeurs. Les marques étrangères comme Toyota, Nissan, Hyundai-Kia et Volkswagen, qui importent une part significative de leurs véhicules, risquent de voir leurs coûts augmenter considérablement, ce qui pourrait se répercuter sur les prix pour les consommateurs américains. Stellantis, bien que partiellement ancré aux États-Unis, pourrait également être affecté en raison de sa forte dépendance au Canada et au Mexique, deux pays visés par la mesure en raison des accords de libre-échange comme l’USMCA (Accord États-Unis-Mexique-Canada).
Ford et GM, bien que mieux positionnés grâce à une production plus locale, ne seraient pas totalement épargnés. Environ un quart de leurs véhicules proviennent du Canada et du Mexique, et une hausse des coûts sur ces importations pourrait affecter leur compétitivité. Tesla, en revanche, pourrait tirer profit de cette mesure, étant donné que sa production est entièrement basée aux États-Unis. Cette situation pourrait renforcer sa position sur le marché, notamment face à des concurrents étrangers.
Une mesure controversée
La proposition de Trump s’inscrit dans une logique protectionniste qui a marqué son premier mandat, avec des politiques visant à rapatrier la production industrielle aux États-Unis. Cependant, elle soulève des questions sur ses effets à long terme. Si les droits de douane pourraient encourager certains constructeurs à relocaliser leur production aux États-Unis, ils risquent également de provoquer des tensions commerciales avec des partenaires comme le Canada et le Mexique, ainsi qu’une hausse des prix pour les consommateurs. De plus, les constructeurs pourraient chercher à contourner ces taxes en augmentant leur production dans des pays non visés par les droits de douane, ce qui pourrait compliquer davantage les chaînes d’approvisionnement mondiales.
Conclusion
L’annonce de droits de douane de 25 % sur les véhicules importés aux États-Unis, si elle se concrétise, pourrait redessiner le paysage de l’industrie automobile nord-américaine. Comme le montre l’infographie de Visual Capitalist, des constructeurs comme Toyota, Nissan, Hyundai-Kia, Volkswagen et Stellantis, fortement dépendants des importations, seraient les plus touchés, tandis que Tesla et, dans une moindre mesure, Ford et GM, pourraient en tirer parti. Reste à voir si cette mesure, en cas d’adoption, atteindra son objectif de relancer la production automobile américaine, ou si elle entraînera des conséquences imprévues pour l’économie et les consommateurs.