En ce début d’année, nous avons souhaité réaliser un essai original du Porsche Taycan. Dans les Alpes suisses, pour faire de magnifiques photos et également pour changer de l’ambiance parisienne.
Essai Porsche Taycan : l’aspect extérieur
Ses lignes sont différentes, mais clairement dignes de la lignée familiale. De loin, rien n’indique qu’elle soit si différente. Bon c’est une Porsche, elle est donc probablement unique de par ses choix d’options si vaste, mais par rapport à ses soeurs, elle se mêle à la foule. À distance n’est que le début de l’expérience.
Une Porsche de l’intérieur
Les poignées se présentent à vous. Les lumières s’allument doucement. L’intérieur est déjà réchauffé à votre température préférée, le siège vous transporte à votre position optimale. Vous fermez la porte avec un « thud » satisfaisant, comme un coup de drum qui annonce le concert de percussion qui s’en vient.
Mais rien ne tremble, rien ne vibre, rien ne bouge. Et pourtant, tout est allumé, prêt à exploser à votre moindre signe. La Porsche Taycan, et en particulier la Turbo S, est une vraie Porsche mise à l’inévitable sauce du futur qu’est l’électricité comme source instantanée de puissance.
Des performances mémorables en fonction du mode de conduite
Et celle-ci se déchaîne dès qu’on met le pied sur la pédale des gaz. Pardon, vieux réflexe. L’accélérateur. Même en « Range Mode », son mode le plus économe, l’accélération surprend, même si la vitesse maximale est limitée à 130 ou 150 km/h. On apprend alors à contrôler la bête avec toute son agilité malgré son poids et son absence de roulis malgré les accélérations latérales.
Seulement ensuite sommes-nous « qualifiés » pour passer aux modes supérieurs, jusqu’au Sport + qui retire toute bride qu’on aurait pu croire exister. Le pied droit au plancher devient un sélecteur de vitesse tant l’accélération est instantanée. Le freinage régénératif s’engage non pas au lever du pied de l’accélérateur mais à l’application du frein. C’est un choix différent de l’expérience de conduite d’une autre voiture électrique, mais clairement orientée à offrir la même qu’avec une autre Porsche. La marque au bouclier souhaite convertir ses propres clients avant qu’ils aillent voir ailleurs. Et ça fonctionne.
Essai Porsche Taycan : Quelques imperfections côté logiciel
Ne nous emballons pas, elle n’est pas non plus parfaite. Les 4 écrans (oui maximum 4!) sont mal utilisés et parfois l’information est tantôt trop difficile à aller chercher, tantôt redondante sur plusieurs écrans. Le logiciel de gestion paraît encore préliminaire et la présence de Apple CarPlay et Google CarPlay ne vient que cacher des évidentes lacunes logicielles d’un fabriquant renommé côté matériel. Mais Porsche promet des mises à jour qui viendront potentiellement simplifier l’interface dans le futur. Volkswagen (VW) l’a déjà fait avec la toute récente ID.3, il y a donc bon espoir de ce côté.
Porsche InnoDrive : Bien!
Côté technologie de conduite, sont proposées les assistants traditionnels du groupe VW entre autres le tempo mat adaptatif et le correcteur de sortie de voie. Par contre Porsche ajoute le Porsche InnoDrive qui prend alors le contrôle du volant et des pédales pour vous faire suivre la route. Le système se rapproche délicieusement du légendaire Autopilot de Tesla et offre une performance comparable sur autoroute. Moins performante sur les routes secondaires, il excelle cependant dans la détection et prédictions des limites de vitesse autant fixes que variables, étant presque toujours exact et synchronisé avec la réalité. C’est un point où l’Autopilot échoue lamentablement en Europe et requiert presque constamment un ajustement manuel.
Une autonomie satisfaisante pour la version Turbo S
Finalement, l’autonomie de la batterie (Battery +, 92 kWh) est plus que suffisante dans des conditions standards de conduite et bien au dessus de ce que même Porsche estime. Passez une journée sur circuit et vous verrez l’indicateur dégringoler mais autrement le système de régénération d’énergie de freinage et une batterie avec une grande marge de sécurité vous mettent en parfaite confiance d’arriver à destination.
Recharge sur route
Recharger est un jeu d’enfant quand on connaît la base. Avec son système 800 V et la batterie haute capacité, la vitesse de recharge ne sera toujours limitée que par la station de recharge à laquelle elle sera branchée. Et si la recherche de bornes peut sembler fastidieuse aux non-initiés (et elle l’est même parfois pour les initiés) Porsche a pris la chose en main et offre une carte de recharge universelle qui fonctionne chez presque tous les opérateurs de bornes. Le tarif est unique, clair, simple. L’application mobile permet aussi de trouver les bornes compatibles à portée en un seul endroit, alors que d’autres doivent utiliser des dizaines d’applications différentes.
Essai Porsche Taycan : la recharge à domicile
À la maison, au plus 8 heures permettront de remplir une batterie vide, alors que sur la route les stations performantes (Ionity, FastNed, GoFast, etc) ajoutent 150km par 10 min de recharge si la batterie est suffisamment vide et chaude, ce qui est facile à garantir sur un voyage longue distance, même en hiver. Dans tous les cas, atteindre 300 km d’autonomie pour poursuivre votre route ne devrait jamais prendre plus de 20 min sur une station rapide digne de ce nom.
Malgré tout ce qu’on peut lui reprocher en terme de poids, capacité moyenne de chargement du coffre et prix hors d’atteinte de la majorité, Porsche connaît son public et ne perd pas de temps à faire les yeux doux à tous. Le prix de la Turbo S se veut exclusif, mais la 4S – et bientôt la version propulsion d’entrée de gamme – se situe dans la fourchette de prix des Model S. Ce n’est pas un hasard.
Une Porsche qui inspire le futur de la marque
Si vous considérez sérieusement Porsche, vous payerez le prix. Vous n’achetez après tout pas tant une option, qu’une exclusivité, une unicité et une qualité que seule Porsche ose offrir. Autant il est peu probable de trouver deux Taycan avec exactement les mêmes options, autant deux Tesla ne se distingueront souvent que par la couleur. Ou parfois, l’immatriculation.
Et c’est précisément le pari que Porsche prend: offrir une voiture de performance unique à un client unique, sacrifiant volontiers la quantité pour la qualité.
Ce faisant on obtient un véhicule inspiré du passé, mais clairement conçu pour le futur. C’est, en tout cas, ce qui domine à l’issue de cet essai de la Porsche Taycan.