Tesla Motors démontre que son filtre à particules HEPA et le mode de défense contre les armes biologiques est très efficace.
Tesla Motors assure dans ses présentations du Model X et du nouveau Model S qu’ils disposent maintenant d’un système de filtres à air antiparticules HEPA très avancé, dont un mode de défense contre les armes biologiques (Bioweapon Defense Mode) censé protéger complètement les occupants de ses véhicules d’une pollution externe pouvant être létale.
Tesla indique que ses filtres HEPA sont inspirés des systèmes industriels et sont capables d’épurer l’air entrant des pollens, bactéries et particules de l’air ambiant, avec une efficacité » plusieurs centaines de fois supérieure aux filtres automobiles standard « .
Le constructeur a voulu pousser les limites de l’expérience dans un environnement contrôlé, avec une pollution de l’air massive de 1000 µg/m3 quand la norme EPA est de 12 µg/m3 alors que des mesures faites en Chine sur un véhicule en circulation avaient déjà confirmé son efficacité.
Tesla Motors l’a cette fois testé sur un SUV Model X immergé dans une bulle d’air pollué à des niveaux dangereux pour la santé.
Résultats:
Les filtres HEPA et du BPM ont nettoyé l’air de l’habitacle du Model X en moins de trois minutes et amené la présence de particules à des niveaux indécelables.
De façon inattendue et très positive, il est aussi apparu que la pollution de la bulle d’air a diminué au fil du temps, avec une réduction du niveau de pollution ambiant de 40% ce qui pourrait démontrer que des véhicules équipés de filtres HEPA pourraient contribuer à l’assainissement général de l’air que nous respirons.
Les habitants près d’un périphérique peuvent commencer à rêver !
Pour Tesla, la conclusion est claire : « vous pouvez littéralement survivre à une attaque biologique militaire dans votre véhicule« .
Un tel argument est évidemment bienvenu aux USA où beaucoup sont prêts à investir depuis le 11 septembre 2001 dans des systèmes de protection individuelle. Mais question tout de même: combien de temps faut il attendre dans sa voiture pour que le nuage bactériologique ne soit plus un risque ?
L’efficacité de la filtration HEPA pourrait être aussi un argument marketing puissant sur les marchés émergents comme la Chine où la qualité de l’air constitue un problème récurrent lié à leur croissance économique forte.
Shanghai ou Pékin sont littéralement invivables dans certaines circonstances de pollution et de conditions atmosphériques et c’est en Chine que l’on vend le plus de masques filtrants aussi inesthétiques que peu pratiques. Elle connaît en effet de manière répétée des épisodes d’alerte rouge imposant d’importantes mesures de réduction des émissions (interdiction de circulation ou alternée, arrêt d’activités industrielles polluantes) le temps que des vents favorables nettoient l’air ambiant. Épisodes n’ayant heureusement et pour l’instant pas grand chose à voir avec nos épisodes de pollution « grandes villes ».
En France et en Europe occidentale l’accent pourrait être mis plus oportunément sur la santé des conducteurs et de leurs passagers alors que l’on constate de plus en plus d’allergies respiratoires. La menace d’une guerre bactériologique ayant peu d’écho dans nos sociétés dont l’histoire passée a vacciné (peut être à tort ?) la plus grande majorité de ses habitants des pires menaces.
Des questions se posent cependant: ces filtres seront saturés et donc inefficaces au bout de combien de kilomètres parcourus ? À quel prix seront ils changés ?
Quant à Sciences et Avenir il pensent que malheureusement, rien n’est aussi certain qu’affirmé par Tesla. Selon SetA: le filtre est calibré pour arrêter des particules de 1 à 2,5 µm de diamètre. Ces mailles ne laisseront donc pas passer par exemple des grains de pollens dont la taille varie de quelques µm à 150 µm environ. Mais il est vrai que les pollens sont assez peu prescrits dans les attaques biologiques, du moins à notre connaissance. Pour ce qui est de la menace bactériologique, c’est une toute autre histoire. S’il est vrai que beaucoup de bactéries ont une taille supérieure à 2,5 µm, les espèces plus petites, capables de passer à travers le filtre, ne manquent pas. Par exemple, les mycoplasmes dont certaines sont responsables d’infections génitales, d’autres respiratoires, sont inférieures au micromètre. Certaines atteignent même des tailles d’environ 0,3 µm. Ce type de microbe ne sera donc pas arrêté par l’air conditionné d’une Tesla.
Plus embêtant encore, la climatisation n’arrêtera pas non plus les virus. Pour une raison simple, la plupart d’entre eux sont en moyenne mille fois plus petits que les bactéries. Autant dire que le filtre serait impuissant face à un Ebola tout droit venu d’Afrique, une petite grippe de labo bien trafiquée voire pourquoi pas une variole issue d’un vieux stock perdu pendant la Guerre froide. Bref, le système d’air conditionné de la Tesla est certainement très efficace pour réduire dans l’habitacle la pollution en microparticules, mais certainement pas pour survivre à une attaque bioterroriste.
Qu’en penser ?