Le secteur des batteries en Europe, autrefois porteur d’espoir et de promesses, est aujourd’hui en proie à une crise majeure. Le ralentissement mondial des ventes de véhicules électriques (VE) a bouleversé cet écosystème et contraint de nombreuses entreprises à revoir leurs plans. Selon une récente analyse publiée par le Financial Times, près de la moitié des usines de batteries annoncées en Europe ne verront probablement pas le jour d’ici 2030.
Un Écosystème en Perte de Vitesse
Le rêve européen de devenir un leader mondial dans la production de batteries pour VE est désormais terni. Un investisseur influent du secteur automobile et des groupes de la chaîne d’approvisionnement des VE a résumé la situation de manière alarmante : « Toutes les entreprises qui ne sont pas soutenues par de grands conglomérats ou qui ne sont pas chinoises pourraient mourir. »
En effet, environ 158 gigawattheures de capacité de production prévue ont été annulés depuis le début de l’année. Ce chiffre choquant met en lumière la gravité des difficultés rencontrées par les producteurs européens.
Les Défis Techniques et Économiques
Construire et exploiter des usines de batteries est une tâche complexe et coûteuse. Ces opérations nécessitent des investissements considérables et des compétences techniques avancées. Les nouveaux entrants rencontrent des obstacles énormes pour produire des cellules de batterie conformes aux spécifications des clients à une échelle suffisamment grande pour réduire les coûts.
Le démarrage des batteries en Europe n’a pas été de tout repos. Par exemple, Northvolt a récemment perdu un contrat crucial de 2 milliards de dollars avec BMW en raison de son incapacité à augmenter rapidement sa production. De plus, PowerCo, la filiale de Volkswagen spécialisée dans les batteries, a reporté à une date indéterminée la construction de sa quatrième usine en Europe, un projet qu’elle avait initialement prévu pour 2023.
La Menace Chinoise et la Stratégie Européenne
Un autre problème majeur est la concurrence des producteurs chinois de batteries, qui dominent le marché des batteries au phosphate de fer lithié (LFP). Ces batteries, bien que moins coûteuses et offrant une autonomie plus faible, se sont améliorées en termes de performance et de prix. Cela a poussé de nombreux constructeurs automobiles à reconsidérer leur adoption pour le marché européen.
Les producteurs européens n’ont pas l’avantage historique et la capacité de production à grande échelle de leurs homologues asiatiques. De plus, ils ont négligé de sécuriser leurs chaînes d’approvisionnement en amont, un autre facteur essentiel pour rester compétitifs.
Un Avenir Incertain
La situation actuelle pose une question cruciale : les fabricants européens de batteries ont-ils un avenir dans cette industrie ultra-compétitive? Pour les producteurs asiatiques, il s’agit de naviguer au mieux cette période de croissance ralentie. Pour les Européens, le challenge est bien plus existentiel.
En conclusion, le paysage des batteries pour VE en Europe est confronté à des défis sans précédent. Des décisions stratégiques et des investissements massifs seront nécessaires pour espérer rattraper les leaders asiatiques et créer un écosystème durable et compétitif.
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