La France se positionne comme un acteur clé dans la course mondiale à la production de batteries pour véhicules électriques et autres technologies énergétiques durables grâce à l’émergence des gigafactories. Ces méga-usines, popularisées par Tesla, sont des installations industrielles de grande échelle dédiées à la fabrication massive de batteries ou d’équipements liés à la transition énergétique. En France, ces projets s’inscrivent dans une stratégie de réindustrialisation et de souveraineté technologique, soutenue par des investissements publics et privés massifs, notamment via le plan France 2030. Cet article explore les projets et réalisations des gigafactories en France, avec un tableau récapitulatif pour une vue d’ensemble claire et précise.
Pourquoi les Gigafactories en France ?
Avec la fin programmée des moteurs thermiques en Europe d’ici 2035 et une demande croissante en batteries lithium-ion, la France cherche à réduire sa dépendance aux importations asiatiques, qui dominent encore le marché mondial. Les gigafactories françaises visent à sécuriser la chaîne d’approvisionnement, créer des emplois qualifiés et accélérer la transition vers une mobilité décarbonée. La région des Hauts-de-France, surnommée la « Vallée de la Batterie », se distingue particulièrement, mais d’autres régions comme le Rhône ou les Bouches-du-Rhône accueillent également des projets ambitieux.
Les Projets et Réalisations : Un Panorama Complet
Voici un tableau synthétique regroupant les principaux projets et réalisations de gigafactories en France, incluant leur localisation, les acteurs impliqués, leurs capacités prévues, les dates clés et leur état d’avancement au 4 mars 2025.
Nom du Projet | Localisation | Acteurs Impliqués | Capacité Prévue | Date de Lancement / Prévision | État d’Avancement | Objectif Principal |
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ACC Douvrin | Billy-Berclau/Douvrin (Hauts-de-France) | Stellantis, TotalEnergies, Mercedes-Benz | 40 GWh (à terme) | Inauguré le 30 mai 2023 | Production débutée fin 2023, expansion en cours | Batteries lithium-ion pour véhicules électriques |
Envision AESC | Douai (Hauts-de-France) | Envision AESC, Renault | 24 GWh (à terme) | Production prévue mars 2025 | Construction en cours | Batteries pour Renault (400 000 véhicules/an) |
Verkor | Dunkerque (Hauts-de-France) | Verkor, Renault | 16 GWh (2025), 50 GWh (2030) | Production prévue mi-2025 | Chantier démarré novembre 2023 | Batteries bas-carbone (1 million de véhicules d’ici 2030) |
ProLogium | Dunkerque (Hauts-de-France) | ProLogium | 48 GWh (à terme) | Production prévue 2026 | Projet validé, construction à venir | Batteries pour 500 000 à 700 000 véhicules/an |
Symbio | Saint-Fons (Rhône) | Symbio (Stellantis, Michelin, Faurecia) | Non précisée (piles à combustible) | Prévue d’ici 2026 | En développement | Piles à combustible pour mobilité hydrogène |
Carbon | Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) | Carbon | 5 GW de cellules photovoltaïques | Mise en service fin 2026 | Travaux prévus mi-2025 | Panneaux solaires (10 millions/an) |
Eramet (suspendu) | Dunkerque (Hauts-de-France) | Eramet, Suez | Non précisée | Suspendu en octobre 2024 | Projet en attente | Recyclage de batteries (blackmass) |
Stellantis/Orano (abandonné) | Dunkerque (Hauts-de-France) | Stellantis, Orano | Non précisée | Abandonné septembre 2024 | Annulé | Recyclage de batteries |
Zoom sur les Projets Clés
- ACC Douvrin : Première gigafactory française inaugurée, elle marque un tournant pour l’industrie automobile. Avec une capacité initiale de 13 GWh, elle vise 40 GWh d’ici 2030, soit assez pour équiper 500 000 véhicules par an. Le projet, soutenu par 1,3 milliard d’euros d’aides publiques, emploiera environ 2 000 personnes à terme.
- Envision AESC : Ce partenariat sino-japonais avec Renault à Douai débutera sa production massive en mars 2025. Avec une capacité cible de 24 GWh, elle alimentera les futurs modèles électriques de Renault, renforçant la filière française.
- Verkor : Porté par une start-up grenobloise, ce projet à Dunkerque bénéficie de plus de 2 milliards d’euros de financement. Dès 2025, il produira 16 GWh de batteries bas-carbone, avec un objectif de 50 GWh d’ici 2030, notamment pour les véhicules Renault comme l’Alpine.
- ProLogium : Cette gigafactory taïwanaise à Dunkerque, prévue pour 2026, ambitionne une capacité de 48 GWh, visant à équiper jusqu’à 700 000 véhicules par an. Elle complète l’écosystème des Hauts-de-France.
- Symbio : Unique en son genre, cette usine dans le Rhône se concentrera sur les piles à combustible pour l’hydrogène, un secteur complémentaire aux batteries classiques. Sa finalisation est attendue d’ici 2026.
- Carbon : À Fos-sur-Mer, ce projet photovoltaïque (5 GW/an) diversifie les gigafactories françaises au-delà des batteries. Soutenu par le statut de Projet d’Intérêt National Majeur (PINM), il créera 3 000 emplois directs.
- Projets Suspendus ou Abandonnés : Eramet a suspendu son usine de recyclage à Dunkerque en octobre 2024 faute de certitudes sur l’approvisionnement, tandis que Stellantis et Orano ont abandonné un projet similaire en septembre 2024.
Défis et Perspectives
Malgré cet essor, les gigafactories françaises font face à des défis majeurs : le coût élevé de l’énergie par rapport à la Chine ou aux États-Unis, la dépendance aux métaux critiques (lithium, cobalt, nickel) et la nécessité de former une main-d’œuvre qualifiée. Cependant, ces projets promettent des retombées économiques significatives, avec plus de 20 000 emplois directs et indirects dans les Hauts-de-France uniquement.
La France ambitionne de produire 2 millions de véhicules électriques d’ici 2030, selon les objectifs d’Emmanuel Macron. Avec une quarantaine de gigafactories en projet ou en activité à travers l’Europe, l’Hexagone joue un rôle stratégique pour réduire la domination asiatique et promouvoir une industrie durable.
Conclusion
Les gigafactories en France incarnent une révolution industrielle au service de la transition énergétique. Du nord au sud, ces méga-usines redessinent le paysage économique et technologique du pays.