L’industrie automobile européenne traverse une période de bouleversements majeurs avec l’émergence des véhicules électriques (VE), et un acteur chinois, BYD, semble prendre une avance considérable dans cette course économique. Selon une analyse récente relayée sur Yahoo Finance et largement discutée sur Reddit (r/Economics), les voitures électriques de BYD seraient onze fois plus rentables en Europe qu’en Chine. Ce différentiel de profitabilité illustre les défis colossaux auxquels l’Union européenne (UE) est confrontée dans sa tentative de rivaliser avec les constructeurs chinois sur le marché des VE.

BYD : un géant des batteries devenu maître des VE

BYD, initialement connu comme le plus grand fabricant de batteries au monde, a su transformer cette expertise en un avantage compétitif décisif dans le secteur des VE. Comme le souligne un utilisateur de Reddit, No-Way7911, « la partie la plus coûteuse d’un VE, c’est la batterie ». Avec des années d’expérience dans la production de batteries, BYD bénéficie d’économies d’échelle et d’une maîtrise technologique que peu de concurrents européens peuvent égaler. Même sans subventions, cet avantage structurel donne à BYD une longueur d’avance.

Cependant, la question des subventions reste cruciale. Plusieurs commentateurs, comme alc4pwned, notent que les prix bas de BYD sont en partie soutenus par le gouvernement chinois. Cette stratégie, souvent qualifiée de « guerre économique », consiste à proposer des prix défiant toute concurrence pour évincer les rivaux étrangers, avant de remonter progressivement les tarifs une fois le marché conquis. SanFranPanManStand explique : « C’est la création d’un pouvoir monopolistique 101. » Cette tactique, bien que contraire aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a déjà été utilisée avec succès par la Chine dans d’autres industries.

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Les subventions : une pratique mondiale, mais à géométrie variable

Les défenseurs de BYD rétorquent que les subventions ne sont pas l’apanage de la Chine. Comme le rappelle letsthinkthisthru7, Tesla a bénéficié de plus de 2,8 milliards de dollars de subventions fédérales et étatiques aux États-Unis, dont 330 millions rien qu’en 2023. En Chine, Tesla a même reçu 325 millions de dollars en 2020 et 437 millions en 2021, ce qui en fait le constructeur le plus subventionné dans ce pays à certaines périodes. De même, les « Big Three » américains (General Motors, Ford, Chrysler) ont été renfloués à plusieurs reprises par le gouvernement américain. La différence, selon bingojed, réside dans l’intention : « Les États-Unis n’ont pas soutenu GM pour écraser les marchés européens ou asiatiques, mais pour maintenir une entreprise stratégique à flot. »

En Europe, les constructeurs comme Volkswagen (VW) ne sont pas non plus exempts de soutien public, mais leurs coûts de production restent élevés face à la machine chinoise bien huilée. Jokiranta, un utilisateur finlandais, observe que les prix de BYD en Finlande ne sont pas significativement inférieurs à ceux de VW, mais que l’entreprise chinoise se distingue par une garantie de six ans, un argument de vente non négligeable.

Une guerre des prix perdue d’avance ?

L’écart de rentabilité entre la Chine et l’Europe pour BYD met en lumière une réalité brutale : les constructeurs européens peinent à suivre le rythme. Avec des marges onze fois plus élevées en Europe, BYD peut se permettre de maintenir des prix agressifs tout en engrangeant des profits substantiels. Cette stratégie pourrait forcer les acteurs européens à fermer des usines, licencier des ingénieurs clés et, à terme, céder des parts de marché significatives.

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Pourtant, certains relativisent cette menace. ThingsThatMakeMeMad cite l’exemple de Boeing, qui a utilisé des subventions et des pressions politiques pour évincer Bombardier, obligeant ce dernier à vendre son programme CS100 à Airbus. Cette anecdote montre que les tactiques de guerre économique ne sont pas exclusives à la Chine. Reste que l’UE, avec ses régulations strictes et ses coûts de production élevés, semble mal armée pour contrer l’offensive chinoise.

Conclusion : un défi stratégique pour l’Europe

La montée en puissance de BYD dans le secteur des VE illustre les limites de la compétitivité européenne face à une Chine déterminée à dominer les industries du futur. Entre expertise technologique, subventions massives et stratégies de prix agressives, BYD pose un défi que l’UE ne peut ignorer. Pour éviter de perdre cette guerre économique, l’Europe devra peut-être repenser ses propres politiques industrielles : investir massivement dans la R&D, harmoniser ses subventions et, pourquoi pas, jouer elle aussi le jeu de la realpolitik économique. En attendant, BYD avance, et ses profits en Europe ne font que croître.

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