Pour vous, voici l’interview exclusive de Bruno Bouvard, Chef du département installations commerciales pour la direction clientèle d’APRR-AREA. Pour faire simple, il gère les installations sur les aires de service, notamment ce qui nous intéresse : les bornes de recharge. Récemment, APRR et AREA ont encore accéléré le déploiement de bornes de recharge pour une autoroute bas carbone.
APRR-AREA, qu’est-ce que c’est concrètement ?
APRR-AREA est le 2ème groupe autoroutier français. En charge du maillage nord-est, il compte 2 300 km d’autoroutes. Il assure la connexion de pôles d’activité majeurs au cœur de l’Europe occidentale en desservant l’axe Paris-Lyon.
A ces milliers de km s’ajoute “1 aire de service tous les 60 km” afin de satisfaire les besoins des automobilistes. Qu’ils cherchent de la restauration, de l’hôtellerie, de la distribution de carburant ou – désormais – de la recharge électrique, toutes les installations commerciales nécessaires se trouvent sur ces aires de service (à distinguer des aires de repos).
L’installation de la recharge électrique sur des aires, comment ça fonctionne ?
Elle permet tout simplement, de “répondre au marché”. En effet, on note bien la demande croissante concernant les VE et il est essentiel que les opérateurs y répondent.
La part des véhicules électriques ne cesse d’augmenter en France et représente désormais plus de 15 % des ventes de voitures, contre 1,2 % en 2017. En 2021, 162 000 véhicules électriques ont été vendus dans l’hexagone, ce qui représente une hausse de 46 % par rapport à 20201. 786 274 véhicules électriques et hybrides rechargeables circulaient en France fin 2021.
Un phénomène qui devrait encore s’accentuer avec le Plan industriel “France 2030”, qui prévoit une production de 2 millions de véhicules français électriques et hybrides d’ici 2030… D’où le déploiement de 35 stations supplémentaires de recharge sur les réseaux gérés pour une couverture optimale !
Deux modèles pour combler le besoin en recharge électrique
Comme expliqué par Bruno Bouvard, les aires de service fonctionnent sous un régime de concession. APRR-AREA délègue donc cette activité de recharge électrique, tout en gardant un œil dessus.
Il existe deux modèles pour combler le besoin de charge. Première option : les pétroliers en place ont des durées de sous-concession suffisamment longues pour opérer (déploiement de points de charge) ou pour faire opérer (installations assurées par des opérateurs du rechargement). Quand ce n’est pas le cas, c’est là qu’on assiste à des appels d’offres (option 2). Et la bataille est serrée pour les obtenir !
Il n’est pas envisageable de construire de nouvelles aires d’autoroute
Attention, il n’est pas envisageable aujourd’hui de construire de nouvelles aires d’autoroute pour accueillir de nouvelles sous-concessions. Les bornes de recharge sont et doivent rester présentes uniquement sur les aires dites de service.
En effet, il n’est non seulement pas utile de créer de nouveaux espaces – il reste de la place pour installer des points de recharge sur ces aires – mais il n’est pas non plus souhaitable de le faire. De plus, “la qualité de service du client qui se recharge doit continuer d’être assurée.”
D’ailleurs, tant que l’État n’envisage pas de créer de nouvelles aires, APRR-AREA ne peut le décider seul.
APRR-AREA en quelques dates clés
- dès 2012, les premiers points de charge sont développés sur les aires de service ;
- en 2014, c’est l’entrée d’IZIVIA sur ce marché ;
- dès 2015, on compte les premières stations Tesla. Aujourd’hui, au nombre de 7 elles restent dédiées aux propriétaires de la marque ;
- en 2019, n’ayant de cesse de le compléter, APRR-AREA se retrouve à la tête du réseau le plus maillé en stations de recharge haute puissance (une vingtaine au total) ;
- aujourd’hui, le déploiement s’intensifie suite aux appels d’offres notamment.
Ainsi, la dernière phase d’appel d’offres a duré sur un an. Du côté d’ENEDIS, comme du leur, cet évènement a été vécu tambour battant. Par anticipation, l’équipement des sites a été assuré en parallèle de la consultation. C’est ce qui rend possible la construction de points de charge dès le 15 mai.
Pour les plus curieux d’entre vous, sachez qu’il n’y a pas d’autres appels d’offres prévus. Le sujet est clos pour APRR-AREA.
Quels sont clairement les objectifs d’APRR-AREA ?
La recharge est devenue l’enjeu prioritaire. C’est pourquoi APRR et AREA multiplient les installations de points de charge sur ses réseaux, avec en moyenne l’ouverture d’un nouvel équipement tous les 15 jours.
Quelques chiffres clés pour commencer
Aujourd’hui, 100% des aires de service ne sont pas équipées par des bornes de recharge. “On est plutôt sur du 65%”, nous confie le service presse d’APRR. Ce qui donne concrètement : “plus de 6 aires sur 10 possèdent au moins un point de recharge. 4,5 aires sur 10 sont équipées avec de la très haute puissance (THP)”.
L’objectif d’ici fin 2022 pour pallier ce constat est bien entendu de déployer les points de charge. De sorte à ce que toutes les aires soient occupées de stations de recharge (donc de plusieurs points, a minima 4 pour certaines et 16 pour d’autres).
En somme, dès cet été, plus de la moitié des aires seront déjà THP (entre 150 et 350 kW de puissance) !
La diversité des acteurs
A ce jour, c’est IONITY le réseau de recharge le plus déployé sur les aires gérées par APRR-AREA. Suivi de près par Fastned et Tesla. L’idée est d’étoffer la diversité des acteurs via ces nouveaux appels d’offres. En effet, ce que souligne Bruno Bouvard c’est que “compter 8 opérateurs différents est bon pour animer commercialement ces nouvelles distributions d’énergie”. Ils soulignent qu’ils ont tous leur singularité (puissance plus ou moins importante, bornes dédiées ou partagées, auvents plus ou moins couvrant, tarification variable, accords avec leurs opérateurs différents, …). Ce qui leur permet de se compléter !
Justement, en cas de difficulté technique, “cette diversité peut se révéler particulièrement précieuse”. Les technologies des uns palliant aux défaillances des autres.
En faveur d’une autoroute bas carbone !
C’est pourquoi, au terme d’un appel d’offres et en accord avec l’État, les autoroutes APRR et AREA confirment le déploiement de 35 nouvelles stations de recharge sur leurs réseaux :
- 31 nouvelles stations seront construites et exploitées sur le réseau APRR par Spie Citynetworks / DEMETER Partners (8 stations), TOTAL Energies Marketing France (7 stations) et ENGIE Energie Services (16 stations) ;
- 4 nouvelles stations seront construites et exploitées sur le réseau AREA par Fastned.
Le groupe complète ainsi son maillage de stations de recharge à très haute puissance sur des axes stratégiques majeurs, à destination de l’Allemagne, de la Suisse, du massif alpin et du sud de la France. Grâce à cette nouvelle phase d’installations, APRR et AREA confirment leur objectif d’équiper 100% de leurs aires de services à la fin de l’année 2022.
Le développement de la recharge rapide
Comme nous l’a expliqué Mr. Bouvard, “la capacité des stations repose sur trois leviers”.
- Les véhicules doivent se recharger suffisamment vite (ce qui n’est malheureusement pas le cas actuellement, excepté pour Tesla) ;
- Les points de charge doivent être assez nombreux ;
- Ils doivent également être assez puissants.
Le problème actuellement c’est que la recharge n’est pas assez rapide… Et peut devenir un frein pour les clients. Les bornes déployées par APRR-AREA sont aujourd’hui sur-dimensionnées pour les possibilités de recharge qu’offrent les VE. “Les constructeurs doivent mettre les bouchées doubles”, alerte Bruno Bouvard.
Sur les réseaux APRR et AREA, les stations de recharge opérationnelles délivrent déjà chacune jusqu’à 350 kW. Elles permettent une recharge rapide, le temps d’une pause sur autoroute : jusqu’à 300 km d’autonomie en seulement 15 minutes de recharge, ce qui correspond à un temps de pause classique sur autoroute après deux heures de conduite.
APRR-AREA se tient prêt au cas où d’autres bornes devraient être déployées (des ajouts sont possibles et prévus).
Qu’apprennent APRR-AREA des flux d’automobilistes qui se rechargent sur leurs aires d’autoroute ?
Comme nous le confirme Bruno Bouvard, les consommations sur les installations sont suivies de près. Ainsi, ils ont une vision sur les bornes étant plus utilisées que d’autres. En outre, les sollicitations des clients leur parviennent directement ou via les réseaux sociaux.
Des remerciements affluent également car désormais “il devient possible de partir avec sa voiture sur de longs trajets”. C’est notamment le retour d’expérience de beaucoup de clients du Nord (Belgique et Pays-Bas), chez qui les réseaux de charge sont plus développés.
“On est dans un écosystème”
Au contact des clients, “[ils en apprennent] tous les jours” nous confie en riant Mr. Bouvard. De ces échanges réguliers résulte une adaptation régulière du service client. Cette capacité d’adaptation devrait d’ailleurs être partagée par tous les acteurs de la mobilité électrique.
Par exemple, des électro-mobilistes ont confié se recharger sur l’aire Granier avant et après leur séjour en station de ski. Ils avaient prévu leur point de maillage car ils savaient qu’ils n’allaient pas pouvoir se recharger… Conclusion, “les stations de ski doivent s’équiper !”
Répondre à toutes les clientèles
La variété des enseignes sélectionnées sur les réseaux APRR et AREA (AVIA, BP, Certas Energy Esso, Engie, e-Vadea Spie, Fastned, Ionity, Tesla et Total Energies) est aujourd’hui l’assurance d’une qualité de service inégalée pour les clients.
Les 35 nouvelles stations ont été conçues pour permettre à l’avenir des extensions de nombre de points de charge : elles sont donc évolutives. Surtout, des équipements haut de gamme et fiables permettent de couvrir les besoins de plusieurs véhicules se rechargeant en simultanée.
Tous les types de connecteurs du marché seront proposés afin de satisfaire tous les besoins en recharge selon le type de véhicule et de l’autonomie recherchée : CCS Combo, T2 et CHAdeMO.
APRR-AREA : des avant-gardistes
En plus de réaliser leur part du travail dans le développement de la mobilité électrique avec de la recharge longue distance, de permettre une expérience agréable à leurs clients, ils prévoient sur le long terme. Par exemple, “ils avaient vu venir les véhicules non-roulants (tractant) quand d’autres en riaient”.
Les cas de figure sont nombreux :
- prévoir des accueils utilitaires avec des auvents systématiquement plus hauts (confort conservé quand il pleut, neige, ou fait chaud) et des places plus larges ;
- inclure les personnes à mobilité réduite (PMR) en développant pour ce faire des cheminements piétonniers intégraux et des éclairages soignés ;
- sensibiliser le personnel pour accompagner les clients en cas de besoin (les personnels roulent d’ailleurs en VE pour accumuler de l’expérience de sorte à mieux conseiller leurs clients) ;
- anticiper le passage des touristes, travailleurs étrangers ou frontaliers avec une hotline multi-langues, “il en va de la sécurité des clients”. C’est en effet leur préoccupation première car un utilisateur qui n’aurait pas pu recharger sa voiture peut tomber en rade sur l’autoroute…
Ces 35 nouvelles stations de recharge se distingueront enfin par une architecture remarquable (auvent couvrant et parfois photovoltaïque), des principes de signalétique claire et intelligible et une parfaite intégration paysagère et environnementale. Leurs implantations en parking ou sur le modèle des stations classiques permettront chaque fois que possible la recharge des véhicules avec remorque ou caravane et des utilitaires.