Les petites routes sinueuses sur les bords de la Mer Méditerranée ont rendu populaire le scooter à l’époque des bons vieux Vespa et du monopole des Italiens de Piaggio. Mais ça, c’était il y a déjà longtemps. Le temps a passé et Christophe Cornillon, passionné autant par les scooters que par la mobilité électrique sous toutes ses formes, a décidé de fonder eccity en 2011.

Dix ans plus tard, l’entreprise installée en plein cœur des Alpes-Maritimes, à Grasse, a déjà fabriqué, assemblé et vendu plus de 700 scooters 100% électriques, à deux ou trois roues, dans toute la France. Cet anniversaire est l’occasion pour Tesla Mag de faire le point avec un entrepreneur qui a tout misé sur la qualité et la simplicité de ses produits, avec en prime un service après-vente haut de gamme. Il a eu bien raison…

Scooter Eccity
Le Model 3 d’eccity possède une autonomie jusqu’à 100 km et grâce aux chargeurs rapides, il peut récupérer 90% de sa batterie en trois heures sur des prises domestiques. (Photo : Eccity)

Un service de scooter non-polluants

Pour Christophe Cornillon, dès le début de l’aventure eccity, il était important de proposer plus qu’un service de vente ou de location de scooters, mais une entreprise capable d’entretenir et de recycler ses scooters. Une évidence pour le fondateur dont les scooters non-polluants sont en train de devenir indispensables dans les grandes villes où le trafic est toujours plus dense, et les pics de pollution toujours plus nombreux.

5 modèles aux quatre coins de la France

L’entreprise propose 5 modèles de scooter différent variant du 50 au 125cm3, à deux ou trois roues. C’est une manière simple d’évaluer l’équivalent en puissance des modèles électriques en utilisant des bases connues depuis plusieurs années avec des moteurs thermiques classiques. Après avoir proposé ses scooters à des particuliers, au départ, Eccity s’est mis à fournir plusieurs collectivités comme Nice Côte d’Azur, Monaco, Paris, Aix-en-Provence ou encore Montpellier. La facilité d’utilisation, de recharge et de dépannage a permis à l’entreprise d’attirer des collectivités ayant déjà essayé d’équiper leurs agents en véhicules électriques mais qui avaient rencontré quelques problèmes divers et variés par le passé avec des véhicules importés.

écran du scooter Model 3 d'Eccity
Ecran digital du dernier né d’eccity, le scooter à trois roues : le Model 3 (Photo : Eccity)

Une entreprise qui s’améliore sans cesse

En écoutant les retours de ses clients, autant les particuliers que les collectivités, eccity s’est mis à développer des solutions adaptées aux problèmes rencontrés. L’entreprise améliore constamment sa gamme en développant de nouvelles technologies. Depuis 10 ans, la marque est déjà bien positionnée dans le marché avec une réputation de scooters électriques d’excellente qualité, associée à un service très performant d’entretien et de réparation.

Imprimante 3D
Preuve de l’autonomie de Eccity, l’entreprise fabrique elle-même certains pièces à l’imprimante 3D comme les boitiers de connections ou se logeront les branchement électriques.

Ambition internationale

À terme, Christophe Cornillon prévoit de s’étendre davantage en Europe. Tous les scooters eccity sont déjà homologués pour l’Europe et leur fiabilité est déjà reconnue dans la plupart des pays limitrophes.

Interview de Christophe Cornillon, fondateur d’Eccity 

Portrait du fondateur d'Eccity
Christophe Cornillon, fondateur d’Eccity il y a 10 ans à Grasse. (Photo : Eccity)

Tesla Mag : Cela fait une dizaine d’années que vous vous intéressez à ce marché des scooters électriques. Pourquoi et comment avez-vous lancé eccity ?

Christophe Cornillon : Quand j’ai créé eccity il y a 10 ans, c’était pour répondre à un besoin constaté de pouvoir rouler propre en deux roues, ce qui n’était pas le cas à l’époque. Il n’y avait pas du tout d’offre disponible sur le marché, ou quasiment pas. L’objectif, c’était d’avoir un produit deux roues qui soit en mesure de rouler au moins à 100 km/h avec  100 km d’autonomie, et donc de pouvoir faire des allers retours domicile/travail quotidiennement en toute sécurité, et donc pas sur des produits d’importation que je jugeais à l’époque pas sécurisants du tout et en adéquation avec nos habitudes d’usage en Europe. Je voulais donc faire quelque chose de fiable et robuste, bénéficier d’un deux roues avec le même usage aujourd’hui qu’en Europe : rouler dans le trafic, s’intégrer comme un deux roues au trafic voitures, mais sans être polluant, en restant propre.

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Tesla Mag : Vous étiez un peu méfiant vis-à-vis de tous ces scooters fabriqués en Asie. Donc, c’est pour cela que vous teniez à fabriquer en France ?

Christophe Cornillon : Tout à fait. A l’origine, on avait repris une activité, une affaire qui suivait l’importation de véhicules chinois sur lesquels il y avait systématiquement des problèmes, soit récurrents, soit qui apparaissaient au fur et à mesure des livraisons, mais donc ce n’était pas fiable. On ne pouvait pas continuer comme ça et, dès le début, nous avons souhaité créer notre marque et devenir constructeur par nous-mêmes. C’est possible dans l’électrique parce qu’une telle technologie électrique est plus compliquée qu’on ne le croit au niveau de la batterie et du moteur. Mais une fois qu’elle est au point, c’est plus aisé pour un constructeur européen de devenir constructeur que sur du thermique où quasiment tout est fait en Asie. C’est justifié sur l’électrique parce que c’est plus simple, le châssis peut être fait ailleurs et le montage ici, en Europe, avec le niveau de qualité qu’on attend d’un produit européen et avec un côté recyclage de la batterie qui peut être garanti.

Tesla Mag : le recyclage de la batterie, c’est un sujet toujours aussi sensible…

Christophe Cornillon : C’est très important : si on achète un véhicule électrique qui vient de Chine, le constructeur chinois, ou l’importateur en France, ils ne s’occupent pas du recyclage des batteries, ni même de les réparer. Ils n’ont pas souvent de compétences pointues pour réparer une batterie. Nous, on en a puisqu’on est constructeurs de la batterie donc on sait la réparer, ce qui n’est souvent pas le cas sur un véhicule d’importation transcontinentale. Ce qui est important aussi, c’est le lithium-ion. Dans une batterie véhicule électrique, le lithium-ion doit être très frais, il doit tout juste sortir de production avant d’être livré à un client. Quand on achète un produit avec des batteries fabriquées en Chine, on ne sait pas quand elles ont été fabriquées. On ne sait pas dans quel état de vie elles sont, même si elles paraissent neuves, elles ont pu déjà vieillir d’un an ou deux, on ne sait pas. En achetant un produit européen, on a la garantie d’avoir un produit avec des batteries fraîches qui vont durer. On est en mesure aujourd’hui de garantir une batterie 4 ans en standard, et on est capables de les garantir jusqu’à 7 ou 8 ans, sur demande. Ce n’est le cas pour aucun autre constructeur de deux roues électriques.

Tesla Mag : Vous avez vraiment pris les devants par rapport au marché chinois et au marché français…

Christophe Cornillon : Par rapport au marché chinois, mais aussi je dirais par rapport à du bon sens, puisqu’on se positionne sur un produit qui se veut écologique, propre, qui n’apporte en tout cas, pas de pollution en centre-ville. On n’émet pas de pollution quand on utilise le véhicule en centre-ville, donc on se doit d’être irréprochable sur l’ensemble du cycle de vie du véhicule. Et le fait de pouvoir garantir une réparabilité, ça nous paraît très important, ce n’est pas un produit jetable, c’est fait pour durer. C’est notre état d’esprit, en cohérence avec nos clients et avec les produits lithium-ion.

Tesla Mag : Vous fournissez vos scooters à certaines collectivités. Comment en êtes-vous arrivé à pouvoir échanger avec ces collectivités plutôt qu’avec des particuliers ?

Christophe Cornillon :  À force de prospecter, de proposer de nouvelles études, on s’est rendu compte que nos véhicules étaient particulièrement bien adaptés pour des collectivités qui étaient en demande de véhicules à la fois propres mais simples. Pour certaines d’entre elles, il y avait eu des mauvaises expériences dans le passé, encore une fois, avec les véhicules d’origine asiatique et elles avaient dû mettre à la poubelle un ensemble de flottes et donc l’effet était complètement contre-productif. Donc elles étaient déjà averties de certaines choses, quand elles ont découvert un constructeur français, qui produit en France, qui peut apporter du support au niveau national et local, qui sait ce qu’il y a dans son produit et donc qui est en mesure de le réparer. C’est vraiment une offre qui séduit les collectivités. Elles peuvent acheter un véhicule avec une grande autonomie, fiable, qu’elles vont mettre à disposition de leurs agents. Il n’y a pas de problème et s’il y en a, on peut les réparer grâce à nos équipes. On a un très haut niveau de service pour les clients particuliers ou les collectivités. On est toujours là. Sur Internet, vous ne trouverez aucun propriétaire de scooter eccity qui dit que son scooter ne fonctionne plus. Ça peut arriver d’avoir des problèmes mais dans tous les cas on sait y répondre, trouver des solutions. C’est comme ça que petit à petit on s’est fait une réputation, une notoriété de fiabilité, de robustesse, et qu’aujourd’hui on est en mesure de s’adresser à des collectivités qui ont des flottes plus importantes, à des ministères, à la Police Nationale ou d’autres. Ces clients-là ont confiance en nous donc ça s’est fait un peu naturellement. On produit également des batteries fixes. Ce sont des produits qui séduisent le secteur public car il n’y a pas le risque de batteries qui disparaissent, qui sortent du véhicule pour la charge puis on les perd… De même, de manière très simple, le chargeur est embarqué dans un véhicule, on branche le véhicule à une prise domestique et ça charge, c’est très simple et ils aiment beaucoup.

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Tesla Mag : Comment faites-vous pour réparer vos véhicules en France ?

Christophe Cornillon : A côté de nos ateliers de production, on fait également la réparation, l’entretien, la garantie, que ce soit pour des clients locaux, régionaux ou des clients à l’autre bout de la France qui nous rapatrient leur véhicule. Mais en général, quand on travaille avec un client qui est à Paris ou ailleurs en France, on travaille avec des partenaires qui sont centres de services et qui s’occupent de tout l’entretien du véhicule. Ce sont des centres de services classiques deux roues, qui font du scooter thermique ou électrique, qui savent donc intervenir sur de l’électrique deux roues. Ils sont en relation avec notre responsable de bureau d’études qui va les former à distance de manière soit à diagnostiquer un problème, soit pour le guider et faire la révision avec toute la documentation classique d’un constructeur. Naturellement, il y a tout un réseau de centres de service, ils sont 200 en France, donc en général il y a toujours un centre de services à proximité de notre client.

Tesla Mag : Qu’est-ce que vous proposez au public comme flotte disponible en scooter ?

Christophe Cornillon : Dans notre gamme de scooters, on a 5 scooters sur le même châssis. On décline des motorisations différentes. On a l’entrée de gamme chez nous, c’est un 50, mais je dirais un 50 pour adulte, avec un gros moteur. C’est le haut de gamme, ce n’est pas un moteur à 1000 Watts, lui c’est 4000 Watts, donc ils peuvent grimper partout, ils sont assez puissants. Bien sûr, il va être limité à 50 km/h comme la réglementation l’exige. Après on a un 125, moteur 6000 Watts qui lui va rouler à 100 km/h, et un 125 8000 Watts qui va rouler à 115 km/h. Ce sont nos trois produits deux roues et on a aussi deux produits trois roues, toujours sur la même base châssis, on adapte le châssis pour accueillir deux roues arrière, avec deux bras oscillants indépendants. Chacune des roues arrière dispose d’un moteur de 5000 Watts. En trois roues, on décline donc deux véhicules de 10.000 Watts : un scooter deux places typiquement pour un particulier commuter, et un scooter monoplace avec un plateau à l’arrière, qui s’adresse à des professionnels pour faire de la livraison en centre-ville, ou de l’intervention technique en centre-ville, entretien de bus, de climatiseur, en fait pour tout type d’intervention en centre ville soumis aux des réglementations qui émergent actuellement.

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Tesla Mag : Cela représente une flotte assez complète, autant pour les particuliers que pour les professionnels. Quel est le produit préféré de vos clients, en ce moment ?

Christophe Cornillon : Pour les particuliers, aujourd’hui c’est le trois roues, deux places. C’est un produit sécurisant, avec trois points d’appui au sol, qui est très ludique, il s’incline comme un deux roues, mais on sent dans les virages les trois appuis au sol, c’est très sécurisant. On s’amuse beaucoup à piloter le trois roues comme une moto quasiment, mais avec beaucoup plus de sécurité parce qu’on sent qu’on ne glisse pas avec, et que la distance de freinage est raccourcie de quasiment 30%.

Tesla Mag : Et combien de temps faut-il pour le recharger ?

Christophe Cornillon : Avec une prise domestique classique 220 Volts, trois heures…

Tesla Mag : J’imagine que c’est le même temps de recharge pour les scooters destinés aux collectivités ou aux mairies ?

Christophe Cornillon : Pour les collectivités et le secteur public, on a pas mal de deux roues 125 et quelquefois 50. On a un chargeur embarqué dans le scooter, il faut 8 heures pour recharger la batterie. On a une option recharge rapide avec un chargeur rapide externe, comme sur le trois roues, qui ramène à 3 heures le temps de charge.

Tesla Mag : Est-ce que vous avez d’autres projets pour le futur ou déjà cette fin d’année 2021 ?

Christophe Cornillon :  Nos projets à venir sont très orientés sur la commercialisation des produits. On a encore besoin d’élargir nos financements. On est à nouveau sur des phases d’ouverture de capital. On souhaite financer notre développement commercial et avoir vraiment une présence nationale beaucoup plus large. On souhaite ouvrir un espace de vente à Paris qui regroupera notre équipe commerciale et disposera de plus de partenaires en région, avec un réseau de partenaires revendeurs. Ce sont nos axes de développement à venir.

Tesla Mag : Vous préparez un développement global en France ?

Christophe Cornillon :  Oui, à partir du mois de juillet. On a développé un nouveau tableau de bord et une nouvelle face avant qui intègre un avant à Led. Donc on fait évoluer le design du véhicule et du tableau de bord, qui était à aiguille et devient digital. Il y a plus d’informations à disposition du conducteur, notamment son autonomie restante, sa consommation, le niveau de batterie plus précis, une horloge. C’est une modernisation de notre tableau de bord.

Tesla Mag : Ces modifications font-elles suite à des retours clients ?

Christophe Cornillon : Tout à fait. On écoute constamment tous les retours clients à tous les points de vue. Les deux premières années, on a beaucoup travaillé sur la fiabilité et la mise au point du véhicule, c’était très technique. Ensuite, on s’est orientés plus sur le design, les fonctions, l’ergonomie, pour notre version 2021 qui sortira au mois de juillet.

Tesla Mag : Est-ce que vous avez prévu d’être présent à l’international ?

Christophe Cornillon : On a une homologation européenne, donc on est déjà en mesure de positionner nos 5 produits dans tous les pays d’Europe. On a déjà des ventes qui se font en Belgique, en Allemagne, en Suisse ou en Espagne, des pays limitrophes de la France. On espère développer nos ventes également à l’exportation. En équipant aussi d’autres collectivités étrangères, en Allemagne ou dans d’autres pays limitrophes. C’est clairement un de nos axes de développement sur les prochaines années.

(Interview Mattéo B – Photos DR / Eccity)

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