Les juristes appellent cela un « faisceau d’indices ». Les économistes des « signaux faibles ». Dans les deux cas, il s’agit de la manifestation de micro événements, apparemment sans lien entre eux, qui concourent pourtant tous au même objectif.
Parlons d’électromobilité
Une série de ces événements s’est produite ces derniers jours. Tous alimentent une vision relativement nouvelle de l’électromobilité : le passage de véhicules propres à des quartiers propres. Plus concrètement, comment la voiture électrique (VE) est publiquement encouragée pour donner vie à des zones urbaines propres, sans émissions polluantes. L’objectif affiché n’est donc plus tout à fait le même : avoir des quartiers « zéro émission ». Les VE deviennent un moyen.
Ouverture des voies sur berges
Le premier événement est signé Valérie Pécresse, présidente du Conseil régional d’Île-de-France. Sa proposition : rouvrir les voies sur berges parisiennes (fermées à la circulation depuis l’automne 2016 pour lutter contre la pollution) mais au seul profit, en marge des piétons, de véhicules propres c’est-à-dire, concrètement, 100% électriques. L’élue ne cible toutefois pas les seules automobiles, mais également la « mise en place d’un bus électrique à haut niveau de service sur les quais de Seine ». Les voies sur berges seraient deviendraient donc incidemment le premier quartier zéro émission de France. Une goutte d’eau à l’échelle de la capitale et de son agglomération de 12 millions d’habitants mais, dans les faits, une possible évolution des mentalités.
Livrer en VE
Le second événement est signé Star’s Service. L’entreprise est spécialisée dans la livraison de colis. Elle est adepte de longue date de l’électromobilité. Avec sa flotte de VE s’est posée la question du réseau de recharge : un casse-tête, alors que Star’s Service compte déjà 200 VE. L’entreprise a donc pris le parti de se constituer sa propre aire de recharge. Allouant environ 350 000 euros au projet, Star’s Service a inauguré cette semaine sa première zone 100% privée de 50 bornes dédiées à sa seule flotte. Un exemple à suivre pour réduire, là encore, la qualité parisienne de l’air.
Taxer les véhicules les plus polluants
Le dernier événement s’est déroulé à Londres. La municipalité a déjà réduit ses émissions avec l’instauration d’un péage urbain. Son maire, Sadiq Khan, veut aller plus loin : zéro émission en 2050. Les véhicules antérieurs à la norme Euro 4 sont déjà soumis à taxe. D’ici 2019, des zones à très faible émission (Ultra Low Emission Zone, ULEZ) verront le jour. Elles généraliseront les restrictions d’accès et / ou les taxes associées. En 2025, ces zones basculeront en « zéro émission », avant de s’étendre progressivement à tout Londres en 2050. Les bus londoniens basculeront tous en électrique ou hybride dans le même temps. Les taxis et VTC devront eux aussi passer intégralement à l’électrique d’ici 2033.
L’avis de la rédaction : trois initiatives, un seul objectif. Il est intéressant de constater, une nouvelle fois, que les mentalités évoluent plus vite dans le privé, avec déjà des résultats tangibles pour le cas Star’s Service. L’impulsion publique restera toutefois nécessaire pour changer les mentalités à grande échelle. On pourra simplement regretter le manque de concertation européen sur ces quartiers zéro-émission, voire ces villes zéro-émission comme souhaite le devenir Londres. L’électromobilité n’a pas plus de frontière que la voiture thermique. Quand l’Europe s’en rendra-t-elle compte ?