Pour Eric Schindler, le Maire Adjoint de Neuilly chargé de la Mobilité, l’arrivée de moyens de transport électriques est un sujet à traiter calmement, avec sérénité, en réunissant au préalable toutes les informations nécessaires avant de prendre des décisions qui engagent l’avenir. Eric Schindler s’est longuement confié à Tesla Mag, son discours est clair et sa manière de voir les choses pourrait bien inspirer des élus d’autres communes du Grand Paris…
Neuilly prépare l’arrivée du véhicule électrique
« Le véhicule électrique arrive, donc il faut absolument des bornes de recharge », reconnaît cet ingénieur de formation, chargé des infrastructures et réseaux informatiques chez Procter & Gamble pour l’Europe, une grande société où il œuvre depuis plus de trente ans. Mais pas question de se précipiter: « Neuilly a des quartiers anciens, sans stationnement en sous-sol, et des parties plus modernes, avec des copropriétés et des parkings souterrains.
Il y a un chiffre qui nous interpelle : aujourd’hui, selon une enquête dont nous venons de recevoir les résultats, nous avons à Neuilly 9% d’utilisateurs de voitures hybrides rechargeables et 4% de voitures électriques. Sur les intentions d’achat au cours des deux prochaines années, 37% des sondés répondent plutôt oui à l’achat d’un véhicule électrique ou hybride rechargeable« .
Qui est Eric Schindler?
Arrivé comme conseiller municipal en 2001 à la mairie de Neuilly, sur la liste d’un certain Nicolas Sarkozy, Eric Schindler en est à son 4e mandat consécutif. Il a accumulé beaucoup d’expérience et avoue que sa municipalité « n’est pas harcelée de demandes » au sujet des bornes de rechargement.
« Sur le sujet du rechargement, nous avons appris, dans la même enquête de janvier 2021, que 42% des usagers ont une prise à domicile et 54% une prise au travail. Donc la création d’infrastructures de recharge semble moins urgente qu’on aurait pu le penser. D’autant que de nombreuses copropriétés, dans des immeubles modernes, sont en train de faire la démarche« .
Une étude nécessaire pour la ville
L’élu avance des exemples concrets et chiffrés: « Pour un copropriétaire, on peut arriver aujourd’hui à un coût global de 360 euros. Et comme le programme Advenir subventionne à 50%, le coût net d’installation de la borne est ramené à 180 euros, pour une solution de recharge privative, dans une copropriété moderne. Cela bouge donc très vite du côté du privé. La preuve, j’ai contacté Enedis et ils m’ont dit qu’ils étaient en discussion avec une cinquantaine de copropriétés à Neuilly. Toutes leur ont demandé des informations et des devis ».
Reste la question des bornes de recharge publiques, indispensables pour les véhicules de passage sur un territoire aussi stratégique que Neuilly: « On préfèrerait, a priori, installer des places de recharge rapide qui ne deviennent pas des solutions de stationnement, en privilégiant le trafic. Avec un temps de recharge limité, un peu comme sur une station-service, car on ne stationne pas devant une pompe à essence. Nous sommes en pleine réflexion et nous nous donnons jusqu’à l’été pour définir nos actions dans ce domaine ».
La réflexion en cours porte sur plusieurs domaines, pas seulement les voitures électriques, autour de plusieurs actions prioritaires regroupées sous une bannière commune, celle d’une « ville apaisée », grâce à une « coexistence harmonieuse » entre voitures, vélos et trottinettes électriques, « en passant toute la ville en Zone 30 (km/h), sauf quelques exceptions à 50 km/h, et en incluant un plan vélo ». Mais même si les associations favorables aux pistes cyclables sont très actives, « on ne peut pas supprimer 50% du stationnement dans certaines rues de Neuilly ! Ce serait la révolution… », sourit Eric Schindler.
Neuilly ville apaisée, en quelques points-clé, selon Eric Schindler:
- Plan vélo: actuellement, nous avons trois grandes pistes cyclables, toutes sur l’axe Est-Ouest, et rien d’équivalent sur l’axe Nord-Sud entre Levallois et le Bois de Boulogne. Nous avons le choix entre quelques boulevards plus ou moins proches de la Seine. On souhaite aussi multiplier les stationnements de vélos dans la ville, et la loi nous encourage à le faire, sur les places proches des passages piétons, où les piétons risquent d’être cachés aux automobilistes par des véhicules en stationnement.
- Nouvelles mobilités: nous avons vu arriver certains services qui se sont installés sans autorisation, au début on n’a pas vraiment réagi, on a même trouvé cela intéressant car notre maire, Jean-Christophe Fromentin, est un maire innovant. Et puis on a commencé à voir des trottinettes qui roulaient trop vite sur les trottoirs sans respecter les piétons, notamment les personnes vulnérables et âgées, donc il a fallu mettre un peu le hola.
- Partage et libre-service: 80% des citoyens sondés sont favorables au partage de véhicules ou à la location facile de vélos électriques, en libre-service. On a déjà 14 stations Vélib, donc on n’est pas encore sûrs de vouloir ajouter un autre service du même type. Et à 74% on nous demande des voitures électriques en libre-service. Le scooter arrive en troisième position, à 61%, mais on a déjà CityScoot, et 43% des sondés demandent des trottinettes en libre-service. Ces chiffres sont arrivés fin janvier, on est en train de commencer à les analyser. On avait AutoLib qui fonctionnait très bien, mais qui s’est arrêté pour d’autres raisons. On n’a pas encore tranché entre divers prestataires pour succéder à AutoLib.
- Zone de faible émission (ZFE) de la Métropole du Grand Paris (MGP): nous y sommes favorables, à l’intérieur de l’A86, contrairement à d’autres communes qui sont contre. Il y a un calendrier bien défini et c’est un sujet en soi, avec un plan d’action coordonné par la MGP. Il y a un débat, au niveau de la MGP, sur l’autorisation éventuelle de moyens de contrôle automatiques, et sur les sanctions éventuelles. Car la pédagogie ne suffira pas. Il y a des solutions technologiques qui existent, avec des caméras vidéo pour lire les plaques d’immatriculation, mais il faut intégrer cette solution dans la législation ».