Depuis son annonce en 2021 lors du Tesla AI Day, le robot humanoïde Optimus, également connu sous le nom de Tesla Bot, incarne l’ambition démesurée d’Elon Musk de repousser les frontières de la technologie. Conçu pour automatiser des tâches répétitives, dangereuses ou ennuyeuses, Optimus est bien plus qu’un simple gadget : il pourrait transformer à la fois l’industrie et la vie quotidienne.
En ce début d’année 2025, les progrès réalisés sur ce projet sont impressionnants et méritent un regard approfondi. Voici un tour d’horizon des dernières avancées du robot Optimus, ses capacités actuelles et les perspectives qu’il ouvre pour l’avenir.
Un Robot Toujours Plus Performant

L’évolution d’Optimus a été fulgurante depuis ses débuts. La première présentation en 2021 n’était qu’une vision conceptuelle, illustrée par un danseur en costume. Mais dès 2022, Tesla a dévoilé des prototypes fonctionnels, suivis par l’introduction d’Optimus Gen 2 en décembre 2023. Cette deuxième génération a marqué un tournant avec une conception plus légère (allégée d’une dizaine de kilos par rapport au prototype initial), des mains plus habiles dotées de 11 degrés de liberté, et une capacité à manipuler des objets fragiles, comme un œuf, sans les casser. Ces améliorations témoignent des avancées en ingénierie mécanique et en intelligence artificielle (IA) réalisées par les équipes de Tesla.
En 2024, lors de l’événement « We, Robot », Optimus Gen 3 a été présenté au public. Cette nouvelle itération impressionne par sa fluidité de mouvement et son design affiné. Mesurant 1,73 mètre pour un poids d’environ 57 kg, il est capable de se déplacer à une vitesse maximale de 8 km/h et de soulever jusqu’à 20 kg. Sa vision par ordinateur, alimentée par des réseaux neuronaux similaires à ceux des voitures Tesla, lui permet de naviguer dans des environnements complexes, de reconnaître des objets et d’interagir avec son entourage de manière autonome. Lors de cet événement, des Optimus ont servi des boissons, joué à des jeux simples comme pierre-feuille-ciseaux et exécuté des danses synchronisées, démontrant une dextérité et une coordination remarquables.


Une Intégration Progressive dans les Usines Tesla
L’un des objectifs majeurs d’Optimus est d’améliorer l’efficacité dans les usines Tesla. Dès 2024, des prototypes ont été déployés dans certaines Gigafactories pour effectuer des tâches simples, comme le tri de batteries ou le transport de composants. Elon Musk a annoncé que plus de 1 000 robots Optimus seraient opérationnels dans les usines Tesla d’ici la fin de 2025, un chiffre qui illustre l’ambition de l’entreprise de robotiser massivement ses lignes de production. Ces déploiements servent aussi de terrain d’expérimentation : chaque jour, les robots collectent des données qui enrichissent leurs modèles d’IA, les rendant plus performants et polyvalents.
Milan Kovac, ingénieur chez Tesla, a expliqué que les progrès d’Optimus sont étroitement liés aux technologies développées pour l’Autopilot des voitures Tesla. Les actionneurs, la gestion énergétique (avec une batterie de 2,3 kWh offrant une autonomie d’environ 8 heures) et les algorithmes d’apprentissage par renforcement sont autant d’éléments hérités de l’expertise automobile de la marque. Cette synergie technologique donne à Tesla un avantage unique dans le domaine de la robotique humanoïde.

Vers une Commercialisation en 2025-2026
Elon Musk ne cache pas ses ambitions pour Optimus : il prévoit une production limitée dès la fin de 2025, avec une commercialisation à plus grande échelle en 2026. Tesla envisage de produire jusqu’à 10 000 unités en 2025, avec un objectif ambitieux de 100 000 robots d’ici 2026. Le prix annoncé, compris entre 20 000 et 30 000 dollars, est remarquablement bas pour un robot humanoïde de cette sophistication, surtout comparé aux modèles industriels actuels qui dépassent souvent les 100 000 dollars. Musk estime que les coûts de production pourraient être ramenés à environ 10 000 dollars par unité grâce à une fabrication à grande échelle, rendant Optimus accessible non seulement aux entreprises, mais aussi, à terme, aux particuliers.
L’idée est de faire d’Optimus un assistant polyvalent. Dans les usines, il pourrait automatiser des tâches physiques exigeantes ; dans les foyers, il pourrait aider à des corvées comme le ménage, le jardinage ou même l’assistance aux personnes âgées. Musk a même évoqué la possibilité de « télécharger » des traits de personnalité dans l’IA d’Optimus, permettant au robot de s’adapter au caractère de son propriétaire. Si cette fonctionnalité reste futuriste, elle illustre la vision à long terme de Tesla : un monde où les robots humanoïdes sont aussi courants que les smartphones.
Défis Techniques et Concurrence
Malgré ces avancées, Optimus n’est pas encore prêt à révolutionner le monde. Son logiciel, bien que prometteur, en est encore à un stade précoce. Certaines démonstrations, comme celles de l’événement « We, Robot », ont révélé que des tâches complexes nécessitaient une assistance humaine via téléopération, signe que l’autonomie totale reste un objectif à atteindre. De plus, la consommation énergétique des robots bipèdes et leur adaptation à des environnements imprévisibles (comme des espaces publics) posent encore des défis majeurs.
Tesla n’est pas seul sur ce marché. Des concurrents comme Figure AI, soutenu par Microsoft et Nvidia, ou Boston Dynamics avec son robot Atlas, progressent également dans la robotique humanoïde. La Chine, avec des entreprises comme Leju Robot et Agibot, se positionne aussi comme un acteur clé. Cette concurrence féroce pousse Tesla à accélérer ses efforts, mais elle souligne aussi que la course à l’automatisation est loin d’être gagnée.
Impacts Économiques et Éthiques
Les avancées d’Optimus soulèvent des questions cruciales. Sur le plan économique, l’automatisation massive pourrait réduire les coûts de production et accroître la productivité, mais elle risque aussi de supprimer des emplois dans des secteurs comme l’industrie ou la logistique. Musk voit dans les robots une solution à la pénurie de main-d’œuvre et une opportunité de libérer les humains pour des tâches plus créatives, mais cette transition nécessitera une réflexion sociétale approfondie.
Sur le plan éthique, l’intégration croissante de l’IA dans nos vies pose des dilemmes. Qui est responsable en cas d’erreur d’un robot autonome ? Comment garantir que ces machines restent des outils au service de l’humanité, et non une source de dépendance ou de méfiance ? La promesse d’Optimus comme « ami » des humains, avancée par Musk, intrigue autant qu’elle inquiète.
Une Vision d’Avenir
En ce mois de février 2025, Optimus incarne à la fois les prouesses technologiques de Tesla et les incertitudes d’un futur automatisé. Avec des prototypes de plus en plus performants et une production qui s’annonce imminente, le robot humanoïde de Tesla pourrait bien tenir ses promesses et changer notre rapport au travail et à la technologie. Reste à savoir si Elon Musk, connu pour ses annonces ambitieuses, pourra transformer cette vision en réalité concrète dans les délais annoncés. Une chose est sûre : Optimus est un projet à suivre de près, car il pourrait redéfinir les contours de notre monde dans les années à venir.