Dans le cadre de notre série sur la transition énergétique et la mobilité durable, Tesla Mag  s’est entretenu avec Jean-Yves Bourgois, représentant de la chambre des métiers de l’artisanat en Île-de-France, pour aborder les enjeux liés à la mobilité des artisans et leur adaptation face aux défis environnementaux. Avec 300 600 entreprises artisanales en Île-de-France et un chiffre d’affaires qui dépasse celui de grandes entreprises du CAC 40, les artisans représentent un pilier essentiel de l’économie française. Mais comment ces acteurs s’adaptent-ils à l’évolution de la mobilité, et quels sont les défis à relever pour garantir une transition écologique réussie ? Jean-Yves Bourgois nous éclaire sur ces questions.

Tesla Mag :  Monsieur Bourgois, vous représentez une immense partie des artisans en Île-de-France. Avec l’évolution rapide des politiques de mobilité, notamment les ZFE (Zones à Faibles Émissions), quelles sont les principales préoccupations des artisans aujourd’hui ?

Jean-Yves Bourgois :  La mobilité est en effet un enjeu majeur pour nos artisans. Beaucoup d’entre eux dépendent de véhicules pour leur activité quotidienne, que ce soit pour transporter des matériaux ou des outils. Les artisans du bâtiment, par exemple, ne peuvent pas se contenter de petites camionnettes électriques actuellement disponibles sur le marché. Pour des métiers comme celui de couvreur ou de plombier, qui transportent des équipements lourds, il n’y a tout simplement pas encore de solution électrique adaptée. Les artisans se retrouvent donc face à un dilemme : respecter les réglementations environnementales tout en continuant à répondre aux besoins logistiques de leur activité.

Tesla Mag :  En parlant de véhicules adaptés, quels sont les défis spécifiques que rencontrent les artisans face à cette transition vers une mobilité plus verte ?

Jean-Yves Bourgois :  Le premier défi est évidemment l’offre de véhicules électriques de grand volume. Actuellement, très peu de modèles existent qui peuvent répondre aux besoins des artisans, surtout ceux qui doivent transporter des matériaux lourds ou volumineux. Nous avons aussi le problème des coûts d’acquisition : même si les véhicules électriques sont soutenus par des subventions, le coût initial reste souvent prohibitif pour de nombreux artisans, surtout ceux qui travaillent seuls ou avec une petite équipe. Il faut également penser à l’infrastructure de recharge. De nombreux artisans, notamment ceux qui se déplacent souvent, ont besoin de bornes accessibles et fiables.

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Tesla Mag :  Vous évoquez l’infrastructure. Est-ce que la disponibilité des bornes de recharge devient un frein important pour la transition écologique des artisans ?

Jean-Yves Bourgois :  Absolument. Pour qu’un artisan puisse envisager sérieusement de passer à un véhicule électrique, il faut qu’il ait accès à des points de recharge à des emplacements stratégiques, près de ses chantiers ou de ses clients. Aujourd’hui, beaucoup de nos artisans se plaignent de l’insuffisance des bornes, notamment dans les zones périurbaines où ils sont très actifs. Sans compter que le temps de recharge peut poser problème : les artisans n’ont souvent pas le temps d’attendre plusieurs heures que leur véhicule se recharge en milieu de journée. L’autre aspect concerne le coût du rechargement qui, bien qu’inférieur au carburant classique, nécessite tout de même une réorganisation dans leur budget.

Tesla Mag :  En termes de réglementation, les ZFE imposent des contraintes strictes sur la circulation des véhicules polluants. Quel est l’impact direct sur les artisans ?

Jean-Yves Bourgois :  Les ZFE représentent un véritable casse-tête pour de nombreux artisans. Dans certaines villes, il est interdit d’utiliser des véhicules diesel ou trop anciens. Le problème, c’est que la plupart des artisans n’ont pas encore les moyens d’investir dans des véhicules conformes à ces nouvelles normes. Cela impacte directement leur capacité à travailler dans certaines zones, notamment dans des grandes agglomérations comme Paris. Nous avons déjà discuté avec les pouvoirs publics pour obtenir des dérogations, mais celles-ci ne sont que temporaires. À long terme, il faudra trouver des solutions pérennes, notamment en termes d’accompagnement financier pour l’achat de véhicules plus écologiques.

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Tesla Mag :  Justement, vous avez mentionné la nécessité d’un accompagnement. Quelles solutions proposez-vous pour aider les artisans dans cette transition vers une mobilité plus durable ?

Jean-Yves Bourgois :  Nous plaidons pour un fonds d’aide spécifique pour les artisans. L’objectif est d’alléger les coûts d’acquisition des véhicules propres et de financer l’installation de bornes de recharge dans les zones où l’activité artisanale est dense. Nous explorons également des options de leasing pour que les artisans puissent accéder à des véhicules électriques sans avoir à les acheter directement. Enfin, la formation reste un point clé : il est essentiel que les artisans soient formés aux nouvelles technologies, que ce soit pour l’utilisation des véhicules électriques ou des outils connectés qui leur permettront de mieux planifier leurs trajets et d’optimiser leur consommation énergétique.

Tesla Mag :  En dehors de la mobilité, comment les artisans perçoivent-ils la transition énergétique dans son ensemble ? Y a-t-il des secteurs plus impactés que d’autres ?

Jean-Yves Bourgois :  La transition énergétique touche tous les secteurs de l’artisanat, mais de manière différente. Le bâtiment, par exemple, est très concerné par les nouvelles normes environnementales, notamment en termes d’isolation, de gestion des énergies renouvelables et de construction durable. Nous formons nos artisans à ces nouvelles techniques pour qu’ils puissent répondre à la demande croissante des clients. Cela représente une opportunité pour eux, mais aussi un défi car il faut sans cesse se former, investir dans du nouveau matériel, tout en restant compétitif.

Tesla Mag :  Pensez-vous que les artisans sont bien préparés pour faire face à cette transition, notamment avec l’émergence de nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle (IA) ?

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Jean-Yves Bourgois :  C’est une question essentielle. L’IA et la digitalisation sont en train de transformer de nombreux secteurs, y compris l’artisanat. Nous encourageons vivement nos artisans à se former à ces nouvelles technologies. Cela ne veut pas dire que chaque artisan doit devenir expert en IA, mais il est important qu’ils comprennent comment ces outils peuvent les aider à améliorer leur productivité, à mieux gérer leur entreprise, voire à anticiper les tendances du marché. Par exemple, certains logiciels peuvent aujourd’hui optimiser les déplacements ou automatiser la gestion des stocks, ce qui est un atout précieux pour les artisans souvent débordés.

Tesla Mag :  Pour conclure, quel message souhaitez-vous adresser aux artisans face à ces changements ?

 Jean-Yves Bourgois :  Mon message est simple : il ne faut pas avoir peur du changement, mais l’anticiper. La mobilité durable, la transition énergétique, la digitalisation… Ce sont autant de défis que d’opportunités pour les artisans. Il est vrai que les transitions sont souvent coûteuses et complexes, mais avec les bonnes formations, les bons outils et le soutien adéquat, nos artisans peuvent continuer à jouer un rôle clé dans l’économie française tout en répondant aux exigences écologiques de demain. Nous serons à leurs côtés pour les accompagner dans cette transformation.

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