Le débat sur le choix de la bonne source d’énergie pour un voiture électrique est passionné. Il oppose principalement les tenants des batteries au lithium aux promoteurs des piles à combustible (hydrogène).
Les seconds promettent aux premiers d’être rapidement obsolètes tandis que les premiers qualifient les piles à combustibles d’hydrogène d »escroquerie« . (voir article « charge sur les piles à combustible d’hydrogène » et les commentaires qui suivent).
Le choix de Tesla d’investir avec Panasonic dans une méga usine (Gigafactory en cours de construction) de batteries semblait une première réponse aux interrogations actuelles. Un autre choix industriel fait très récemment par BMW, entre autres, de choisir les piles à combustible d’hydrogène envoyait un fort signal contraire.
Un élément au moins est commun à ces décisions d’importance pour Tesla comme pour des constructeurs historiques d’automobiles: la voiture électrique quelqu’en soit le mode d’alimentation est aujourd’hui une évidence pour tous. C’est au moins ça d’acquis pour l’électromobilité et les poumons de nos enfants (à défaut des nôtres pour lesquels il est probablement un peu trop tard si l’on a dépassé la cinquantaine comme moi).
L’actualité récente semble préciser cet avenir. Le plus grand constructeur automobile actuel vient d’annoncer sa décision d’investir jusqu’à 10 millards d’euro ( euro est invariable ! ce n’est pas une faute….) dans la construction en Allemagne d’une méga usine de………batteries !
Cette décision pas encore confirmée officiellement cependant pourrait conclure la discussion pour les prochaines années. Une majorité de véhicules électriques profiteront donc d’une énergie issue de batteries au lithium si l’on en croit l’article publié il y a deux jours dans les Echos (lire ci après) mais aussi dans la presse allemande. La fin programmée des espérances des supporteurs de l’hydrogène ?
» Matthias Müller, président du groupe depuis fin septembre, présentera à la mi-juin ses plans à l’horizon 2025. La voiture électrique est encore le parent pauvre du groupe qui compte les marques VW, Audi, Skoda, Porsche etc. L’ensemble a vendu à peine 70.000 voitures de ce type l’an dernier, sur un total près de 10 millions. Il s’agirait d’écouler un million de véhicules électriques par an d’ici 10 ans. Une vingtaine de modèles seront lancés à travers le groupe d’ici 2020.
Le succès de l’électromobilité reposera en bonne partie sur la prochaine génération de batterie supposée très performante et attendue à la fin de la décennie. Porsche a déjà annoncé en 2015 son projet « E mission », une voiture sportive capable de rouler 500 kilomètres à l’énergie électrique. Pour ne pas se rendre dépendant de fournisseurs de batteries tels Panasonic, LG ou Samsung, l’idée serait de maîtriser soi-même la chaîne de production de cet élément central de la voiture électrique.
Le rival américain Tesla montre déjà l’exemple, en construisant une usine géante de batteries au lithium dans le Nevada. Elle doit être inaugurée en 2017 et avoir une capacité de production d’un demi-million d’unités par an. Le japonais Panasonic a participé à hauteur de 1,6 milliard de dollars dans ce projet de « megafactory » d’un budget global de 5 milliards de dollars. On évoque dans l’entourage de VW un projet d’un coût deux fois supérieur, lequel pourrait se chiffrer à quelque 10 milliards d’euros…
Volkswagen a démarré de fait en 2013 l’assemblage de batteries dans son usine de Brunswick, en Basse-Saxe, pour équiper la version électrique de son mini-véhicule « Up ! ». Le président du directoire de l’époque, Martin Winterkorn, qualifiait la mise sur pied de capacités de production avec le know-how correspondant comme un « élément essentiel de notre stratégie dans l’e-mobilité ».
Il n’est pas encore clair à ce stade si Volkswagen veut concentrer ses efforts à venir sur l’assemblage des batteries, où s’il compte aussi maîtriser lui-même la production de cellules lithium, ces éléments clé la batterie. Le marché en est saturé de sorte que les prix de ces composants se sont effondrés. En 2015, Daimler avait décidé de fermer sa propre unité de production de cellules, trop chère, et veut désormais investir sur l’assemblage de batteries.
Selon la presse allemande, la ville de Salzgitter pourrait être choisie pour installer l’usine de batteries. Le constructeur y produit aujourd’hui des moteurs à explosion. Bernd Osterloh, le patron du comité d’entreprise de VW, avait prévenu en mars de l’impact social, si le marché de l’électrique s’imposait en Europe
Qui plus est, Salzgitter est situé dans le Land de Basse-Saxe, qui est actionnaire du groupe à 20%. L’un des anciens élus de la région, Sigmar Gabriel, actuel ministre de l’économie du gouvernement Merkel, verrait aussi le projet industriel d’un bon oeil. La ville de Kassel, en Hesse, où VW produit déjà des moteurs électriques, est aussi mentionnée.
Mais comme pour Tesla, ce genre de projet pharaonique nécessiterait de trouver un partenaire industriel. S’il ne devait pas provenir d’Asie, les candidats allemands comme Bosch et Continental ne manquent pas. Ils mettent eux aussi le paquet pour assurer leur avenir dans l’e-mobilité.
Jean-Philippe Lacour pour Les Echos. »